Le gouvernement issu de l'élection présidentielle du 17 avril dernier aura pour principale et urgente tâche la perfection du système de gouvernance. Le la a été donné lors du Conseil des ministres du 7 mai, durant lequel le président a souligné l'urgence de "la promotion de la bonne gouvernance, la lutte contre la bureaucratie et l'amélioration du service public qui doivent mobiliser l'ensemble des secteurs d'activité". Il a également souligné celle de préserver les deniers publics de tout gaspillage, de lutter contre la corruption et toute forme d'atteinte à l'économie nationale. Pour les spécialistes, la bonne gouvernance renvoie à la mise en place de nouveaux modes de régulation plus souples, fondés sur le partenariat entre tous les acteurs de la société. Elle recouvre aussi bien la capacité du gouvernement à gérer efficacement ses ressources, à mettre en œuvre des politiques pertinentes, que le respect des citoyens et de l'Etat pour les institutions, ainsi que l'existence d'un contrôle démocratique sur les agents chargés de l'autorité. Ceci pour la forme. Dans le fond, une bonne gouvernance exige du réalisme, des compétences, des méthodes, des institutions de qualité, notamment un service public moderne et performant, de la transparence et des libertés. Sur le plan économique, la refonte de la gouvernance est plus que nécessaire. "Réduire l'accoutumance de l'Etat et de la société à la rente permettra d'utiliser ce qui nous en reste pour amorcer le développement rapide du pays sur de nouvelles bases, plus saines, plus stables et durables", recommandent des entrepreneurs du think tank Nabni, dans un manifeste publié en ligne. Pour y parvenir, pas de solutions miracle. Diversifier l'activité suppose un climat des affaires plus propices à l'initiative privée, selon le chef de mission du FMI pour l'Algérie. Autrement dit, il faut revoir la gouvernance économique, restaurer une culture d'Etat moins dirigiste, plus ouverte et moins bureaucratique afin de laisser aux entreprises et aux investisseurs le rôle d'acteurs économiques et d'en rester à un rôle de régulation. Et c'est là où les pouvoirs publics ont souvent péché. Le programme du président évoque le renforcement des institutions de gouvernance afin, précise-t-il, "de consolider l'Etat de droit et d'améliorer la transparence, la participation et la responsabilité dans la gestion des affaires publiques nationales et locales". Il est prévu, dans ce sens, la révision de la "loi relative à la promotion de l'investissement qui sera amendée dans le sens de la consécration de la liberté d'investissement et de création d'entreprises et du soutien de l'Etat aux projets d'entrepreneuriat". Sur le plan financier, le président compte sur la révision des lois inhérentes à la monnaie, au budget, à la fiscalité et aux douanes pour "la facilitation des opérations d'investissement". Sur un autre plan, le président a décidé de la mise en route du nouveau découpage territorial, préconisant de donner la priorité les premières années, aux régions du Sud et des Hauts-Plateaux où le facteur des distances rend urgent un rapprochement de l'Administration territoriale de ses administrés. Il faut dire que les collectivités locales sont paralysées devant la croissance du chômage, de la pauvreté et de la précarité, et ce, faute de disponibilité des ressources financières permettant de faire face aux différents besoins de la population, mais surtout faute de bonne gouvernance locale. Espérons que ce nouveau découpage territorial ne soit pas juste un accroissement du nombre de wilayas qui ne fera qu'augmenter les dépenses publiques avec de nouveaux fonctionnaires, mais une régionalisation économique devant renforcer la symbiose Etat-citoyens à travers l'implication des collectivités locales. S. S. Nom Adresse email