L'économiste Abdelhak Lamiri estime que le plan quinquennal que compte mettre en œuvre le président de la République durant son quatrième mandat sera celui de la "dernière chance". Il en veut pour preuve les ressources financières favorables dont jouit actuellement l'Algérie qui risquent de se tarir et remettre, par conséquent, en cause le développement du pays à l'avenir. Le quinquennat tracé par Abdelaziz Bouteflika ne doit pas reproduire, avoue-t-il, les mêmes erreurs commises de par le passé. De celles-ci, il citera le lancement de "chantiers grandioses" sans une préparation préalable des ressources humaines, des entreprises et des administrations chargées de les réaliser. Dr Lamiri souligne que le pays doit réunir toutes les conditions nécessaires pour l'émergence d'une économie productive indépendante des hydrocarbures. Pour atteindre un tel objectif, il propose aux pouvoirs publics de s'ouvrir aux syndicats, au patronat, mais aussi aux ONG, aux universités, aux centres de recherche et aux administrations locales pour une large concertation. "Faute de quoi, nous allons encore revenir aux mêmes erreurs que par le passé", avertit-il. Pour lui, il faut instaurer un dialogue entre toutes les parties prenantes avant de concrétiser le plan actuel. L'Etat, indiquera-t-il, a pris conscience que la construction d'une économie diversifiée et compétitive passe par la définition d'une nouvelle stratégie de développement. M. Lamiri a expliqué la situation de désorganisation de l'acte de gestion de l'économie par la présence d'un système "bureaucratisé et hypercentralisé, qui n'existe nulle part ailleurs", faisant de l'Algérie le "pays le plus centralisé au monde". Il affirme qu'une politique de décentralisation réelle et efficiente, qui impliquera les régions et les communes, est seule à même de mettre un terme au système de centralisme et de jeter les bases d'une économie productive. L'Algérie gagnerait à s'inspirer de certaines expériences réussies à travers le monde, citant le cas de la Chine où près de 60% des exportations sont réalisées par des entreprises locales créées par les communes. L'expert a également mis l'accent sur le rôle important que jouent les ressources humaines pour réaliser les objectifs de croissances et de productivité énoncés par les dirigeants du pays. La stratégie à adopter pour améliorer les performances de l'économie nationale est, selon lui, fondée sur deux actions prioritaires. Il s'agit, d'une part, de "la nécessité d'améliorer le niveau de qualification des ressources humaines en vue de les hisser au niveau des standards internationaux et, d'autre part, de l'urgence à engager la modernisation du management des entreprises et administrations publiques". Il y a lieu, en outre, de multiplier le nombre d'entreprises. "Des 680 000 PME recensées actuellement, il faudrait mobiliser 1,5 million d'entreprises", a-t-il relevé, en confirmant la nécessité de disposer d'une "industrie du savoir". En termes plus clairs, ce sont ces sociétés d'expertise qui ont pour vocation de garantir un bon fonctionnement des hôpitaux, la modernisation de l'administration, l'introduction des systèmes stratégiques et l'application des normes d'éthique. "L'économie du savoir existe à l'état embryonnaire en Algérie, mais elle reste à développer pour promouvoir et dynamiser l'économie nationale." B. K. Nom Adresse email