Ce colloque se veut un moment de réflexion sur une écrivaine et une œuvre majeure de la littérature algérienne et sur quelques unes des questions que pose l'écriture «Djebarienne». Jamais un colloque organisé à Boumerdes sur un écrivain n'a suscité autant d'intérêt. .En effet la salle de conférence de la bibliothèque de l'université M'Hammed-Bouguerra de Boumerdes s'est avérée très exigüe pour contenir le public notamment de nombreux étudiants venus écouter, avec passion, les nombreux intervenant, parmi eux d'imminents professeurs en littérature. Dimanche, Mme Gada de l'université de Tizi Ouzou a animé une brillante conférence intitulée «The Shadow of the trickster. Art of déviation in Assia Djebar's text» alors que lundi, un universitaire a animé une communication intitulée «Passé anachronique et présent réminiscent, Assia Djebar entre mémoires histoire». De son côté, M. Gasti de la Sorbonne a évoqué «Mémoire Histoire et identité chez la romancière Assia Djebar». Ce colloque de trois jours qui a tenu ses promesses, s'est clôturé hier avec une intervention de Ali-Benali Zineb de l'université de Paris et présidente du comité scientifique de ce rendez-vous littéraire, intitulée «Nulle part sinon en littérature. Le livre des livres». Elle a été suivie par plusieurs autres communications, dont celles de Mme Mouheb, docteur en littérature qui a évoqué «l'écriture de la conquête coloniale à travers le prisme de la littérature dans ‘l'Amour, la fantasia' d'Assia Djebar». Mme Benali a estimé, dimanche dernier dans une autre communication, que «dans ‘l'Amour, la fantasia', elle parle des premières déportées Algériennes. Elle parle de la violence contre les femmes et retrace l'histoire des femmes oubliés mais aussi des gens oubliés». Et d'ajouter : «Assia Djebbar est l'un de nos grands écrivains, la question qui était traitée, celle de l'histoire et de la mémoire, est importante parce que Assia Djebbar n'est pas historienne, elle est littéraire mais elle travaille à partir de l'histoire». Pour elle, l'écrivain s'intéresse à «ce qui est caché, ce qui est enfouie quelque part et qu'elle va déterrer. On est obligé de penser à une autre philosophie de l'histoire». Mme Benali souligne également que ce qu'Assia Djebar convoque de l'histoire est peut être beaucoup plus important que l'histoire des historiens, notamment pour les questions identitaires. L'écriture d'Assia Djebar est «politique au sens grec du terme, car ça concerne la gestion politiste de la cité», précise-t-elle. En outre, dans l'argumentaire du colloque, il est précisé que «Assia Djebar se fait, comme elle déclare elle-même, une sourcière des voix ensevelies, saisie très tôt par la responsabilité historique de son écriture». Pour loin, le document interroge la manière d'Assia Djebar «d'écrire l'histoire de ceux qui ont disparu, doublement vaincus –ils ont perdu la guerre et n'ont pas écrit l'histoire? C'est ainsi que son écriture se fera une ‘trace' des femmes oubliées parce que sans écriture. La relation à l'histoire ne concerne pas seulement le passé lointain (la conquête coloniale de l'Algérie ou même les premiers temps de l'Islam) ou plus proche (la guerre de libération nationale), mais également les derniers épisodes de la violence extrême des années 90. La question de la responsabilité de l'écrivain est relancée». Enfin, rappelons que ce colloque se veut un moment de réflexion sur une œuvre majeure et sur quelques unes des questions que pose l'écriture «Djebarienne». M. T. Nom Adresse email