Si l'on considère que l'espace sacré est celui du rituel et que l'espace profane est celui de la scène, la troupe Sidi Belal de Béchar, qui s'est produite avant-hier soir au stade Ennasr, dans le cadre de la compétition de la 8e édition du Festival national de la musique diwane de Béchar, a mêlé entre les deux aspects du diwane. Une prestation curieuse où l'on a vu une vraie "Mhella" (coffre contenant les instruments devant servir au rituel) a été montée sur scène, et ses instruments (les couteaux, les "Boulalat" ou cravaches) ont été utilisés sur scène, provoquant ainsi une étrange sensation. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que les différentes étapes d'une "lila diwane" ne sont pas très utiles ou importantes pour un public profane ; les reconstituer sur un espace scénique est accessoire, d'autant que les codes du rituel sont indéchiffrables pour les non-initiés. Noureddine Damou, mqedem (chef spirituel) de Sidi Belal, a expliqué qu'il est "le frère du défunt el-hadj Damou, un des maîtres du diwane à Béchar". Concernant les bradj (morceaux) qu'ils ont interprétés, lemqedem, qui a estimé qu'il n'y avait aucun mal à présenter une "Mhella" sur scène, a signalé qu'ils étaient au nombre de trois : "Nous avons joué Bania au tbel, puis Baba Nouari et Sergou au goumbri." Le groupe Safari d'Alger s'est également produit en compétition. Même si la formation a eu très peu de temps pour se préparer, elle a offert une intéressante prestation, marquée par la dextérité du maâlem de Safari, même s'il n'a pas été réellement avantagé par son goumbri. Youcef Maazouzi, alias Maâlem Youz, leader de la troupe Noujoum Diwane de Sidi Bel-Abbès, a vécu, en début de soirée, un des pires moments qu'un artiste puisse vivre, qui plus est dans un concours. Un problème de son et de branchement a perturbé le début de sa performance, mais Maâlem Youz a gardé son calme, continué à jouer et à chanter. Après une courte interruption (à la demande du jury), la troupe a repris son concert sous les encouragements du public, et a exploré le répertoire du diwane, en interprétant un texte rare. Créé en 1990, Noujoum Diwane a joué avec deux goumbris. Pour maâlem Youz, c'est "une manière d'assurer la relève. C'est sa première scène et il a été à la hauteur, et plus tard, il s'améliorera davantage". Sur le plan musical, maâlem Youz, qui s'est rendu aux Etats-Unis en 1996, nous a indiqué que «mettre deux goumbris sur scène permet à un maâlem de s'occuper de l'harmonie, et un autre fait le reste du travail". S'il continue de pratiquer aussi bien le diwane traditionnel que la fusion, le maâlem estime qu'il n'est pas toujours évident pour un musicien diwane de se produire sur scène, mis à part sur la scène de ce festival (et à Alger pour les trois lauréats du festival de Béchar), qui prendra fin ce soir, avec une master class et la formation Freeklane. L'invité d'honneur de cette soirée était Hasna El-Bécharia et son groupe exclusivement féminin (mis à part le batteur), qui a alterné le jeu sur la guitare électrique et le goumbri. Elle interprétera des reprises du diwane et du groupe Lemchaheb, et reprendra des titres phare de ses deux albums Djazaïr Djouhara et Smaâ smaâ. S. K. Nom Adresse email