Les intervenants dans leur quasi-majorité ont été unanimes à souligner que l'Etat n'a pas tenu ses engagements de promouvoir la langue et la culture amazighes. Organisé par le HCA, le colloque international placé sous le thème "Médias, communication, langues et langages : où en est tamazight ?" a pris fin, hier lundi à Azazga, avec la participation de nombreux spécialistes nationaux et étrangers dans les divers domaines de la communication et des médias. La problématique de la prise en charge de tamazight par l'Etat a été évoquée par la grande majorité des intervenants, en mettant en exergue "la défaillance de l'Etat qui n'a rien fait pour la prise en charge de tamazight". Si cette rencontre fut une occasion pour débattre des enjeux sociaux du droit à la communication en tamazight en Algérie, le rôle de l'Etat fut pointé du doigt pour son reniement quant aux engagements pris pour la promotion de la langue et de la culture amazighes. Plusieurs communications ont été présentées par des spécialistes des médias nationaux tels que le Tunisien Kamel Ben Ouanes de l'université de Carthage qui a traité du problème de "l'utilisation des phonèmes d'une autre langue dans le parler de tamazight". Rachid Naïm, cinéaste et professeur marocain à l'université de Safi, a traité d'un sujet cinématographique majeur intitulé "Hollywood et Amazighs". "C'est une représentation pleine de raccourcis, d'erreurs et d'approximations. Les films hollywoodiens, mettant en scène des personnages amazighs ou arabo-musulmans, nous renseignent sur l'énorme confusion qui existe dans l'esprit des producteurs américains sur le mélange ethnique dans les contrées arabes et nord-africaine-amazighes, aux yeux de Hollywood. En accord parfait avec l'image orientaliste, le personnage amazigh est disqualifié, déshumanisé." Akli Ouamara de l'association Numidia d'Oran a présenté son projet de dictionnaire amazigh avec des entrées, des représentations du champ sémantique des mots et des définitions, en mettant en relief "le rôle de l'Internet, une structure gigantesque au profit de tamazight". Saher Ali, du programme Euromed Audiovisuel, a traité du panorama de l'audiovisuel algérien : "Dans le volet totalement consacré à l'audiovisuel, il ressort que depuis l'ouverture du secteur au privé, consacrée par le vote de la loi sur l'audiovisuel, 36 chaînes de télévision, y compris les chaînes publiques, envahissent le paysage télévisuel algérien. Evidemment, en termes de budget, de ressources et de moyens, c'est le groupe public EPTV qui figure comme le mastodonte du secteur", dit-il. Le rôle de la langue amazighe dans les médias lourds a été évoqué sous le thème "Sociographie des premiers journalistes amazighophones de la Radio algérienne : caractéristiques et parcours" par Hakim Hamzaoui, maître-assistant à l'Ecole nationale de journalisme alors que "la communication d'expression amazighe en Algérie entre acquis et attentes" a été présentée par Mohamed Badredine, DG adjoint de la Radio algérienne. Une étude descriptive et analytique des journaux télévisés amazighophones de la chaîne A4 et Dzaïr TV qui devait être présentée par Fatma Kebour de l'Ecole nationale de journalisme a été lue à l'assistance alors que Nesrine Alouane, journaliste à l'ENTV, a décrit et analysé l'évolution du journal télévisé en tamazight. Enfin, les journalistes de TV4 et de la radio Chaîne II ont relaté leur quotidien, souvent difficile, dans leurs rédactions respectives. Au terme du débat, et pour une meilleure adéquation dans la prise en charge de tamazight, il a été préconisé la création d'une académie de langue amazighe ainsi que le lancement d'un quotidien national public en tamazight et d'un journal électronique qui vont réunir les grands chercheurs de la langue amazighe... C. N. O. Nom Adresse email