L'imposant dispositif sécuritaire déployé ces derniers temps dans les zones tampons entre les deux communautés ne saurait être maintenu ad vitam aeternam. Comme promis lors de la dernière campagne électorale, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s'est rendu hier à Ghardaïa, en compagnie du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, et du commandant de la IVe région militaire, le général-major Chérif Abderrezak. Cette visite, à laquelle la presse n'a pas été conviée, hormis la télévision publique et l'agence de presse officielle, se voulait une occasion pour "trouver une solution définitive" à la crise qui secoue la wilaya de Ghardaïa depuis plus de deux ans et les conflits communautaires devenus récurrents ces derniers temps. Mais en guise de solution, le Premier ministre n'aura fait qu'une rencontre avec des représentants des deux communautés, triés sur le volet. Il a tenu un discours de 45 minutes, avant de donner la parole aux représentants des deux communautés pour s'exprimer en cinq minutes, et d'annoncer, enfin, la désignation d'un nouveau wali à Ghardaïa. Instruit par le président Bouteflika de trouver une issue "définitive" au conflit intercommunautaire qui mine la wilaya de Ghardaïa, le Premier ministre s'est contenté d'un discours où deux options sont proposées : poursuite du dialogue et intransigeance quant à l'application de la loi. Abdelmalek Sellal a affirmé que l'Etat appliquera les lois de la République dans toute leur rigueur pour protéger les personnes et les biens, précisant que les services de sécurité poursuivront l'accomplissement de leurs missions pour que règnent la quiétude et la sécurité. "Nous n'accepterons pas que quiconque compromette le sort du pays et nous appliquerons les lois de la République dans leur rigueur et la justice jouera son rôle pleinement, conformément à la loi." Un avertissement, suivi d'un geste rassurant, envers ceux qui réclament, depuis l'éclatement des violences, un renforcement du dispositif sécuritaire. "Les services de sécurité continueront d'accomplir leur mission pour faire régner sécurité et quiétude à Ghardaïa, et le gouvernement ne reculera pas lorsqu'il s'agira de faire appliquer la loi. Certains ont tenté de semer la discorde mais leurs tentatives étaient vouées à l'échec grâce à la vigilance des Ghardaouis et de l'Etat", a-t-il assuré. Toutefois, le Premier ministre réitérera la volonté de l'Etat de privilégier les voies du dialogue : "L'Etat continuera d'emprunter la voie du dialogue, de la concertation permanente et de la réconciliation nationale." Tout en affirmant que les dépassements survenus ne sauraient rester impunis et que des instructions ont été données en vue d'ouvrir des enquêtes sur d'éventuels dépassements lors des derniers évènements enregistrés dans la wilaya, ajoutant que "ces dépassements ne seront tolérés ni par le président Bouteflika ni par la loi". "Le gouvernement sera intransigeant vis-à-vis de tous ceux qui veulent user de la violence contre les Algériens", a encore averti le Premier ministre. "Chacun de vous doit apporter son concours en vue de mobiliser les jeunes en faveur des intérêts suprêmes du pays, de ceux de la région de Ghardaïa et de ceux des jeunes qui portent l'avenir", a-t-il préconisé à l'adresse des notables, des élus et des représentants de la société civile. Mais en dehors de la salle de réunion de la wilaya, le ton était tout autre : un imposant dispositif sécuritaire empêchait quiconque de s'approcher du siège de la wilaya, de crainte de voir se reproduire les graves incidents qui ont émaillé la dernière visite de Youcef Yousfi, alors Premier ministre par intérim. Hier, toutes les dispositions ont été prises à l'avance et deux hélicoptères ont survolé la zone durant la présence du Premier ministre. Plusieurs militants et autres membres d'associations ont été empêchés d'accéder au siège de la wilaya, notamment les membres de la coordination de suivi de la communauté mozabite. Un de ses membres, Babbaz Khoudir, était furieux, lui qui avait pris part à toutes les autres phases des négociations. Tout en rejetant, d'avance, ce qui découlera de cette visite de M. Sellal, il dira que sa venue à la wilaya n'est que du "folklore". Toujours est-il que la visite du Premier ministre n'a pas apporté les réponses escomptées par les deux communautés. Le conflit qui secoue la vallée du M'zab ne saurait être perçu d'un seul point de vue sécuritaire. L'imposant dispositif sécuritaire déployé ces derniers temps dans les zones tampons entre les deux communautés ne saurait être maintenu ad vitam aeternam. Le gouvernement a du mal à oser attaquer les problèmes de fond qui sont la source des conflits entre les deux communautés. A. B. Nom Adresse email