En faisant part de sa proposition relative à un choix consensuel du candidat à la présidence de la République, le chef du parti islamiste Ennahdha, ne croyait pas qu'il allait essuyer un refus de la part de ses adversaires, y compris les plus proches tels que le parti Al Joumhouri. En effet, les principaux partis politiques Nidaâ Tounes, de Béji Caïd Essebsi, Al Joumhouri de Ahmed Néjib Chebbi ou le Front populaire, de Hamma Hammami sont tous montés en épingle pour rejeter la proposition de Ghannouchi y voyant une manipulation supplémentaire des partis politiques et même de l'opinion publique. En avançant une telle proposition, le leader du parti islamiste opterait pour l'instauration d'une nouvelle dictature, en privant le peuple de s'exprimer librement, sur celui ou celle qui aura la charge de conduire le pays durant le prochain quinquennat. C'est en substance la position des alliés du parti islamiste, à savoir Ettakattol de Mustapha Ben Jaafar, président de l'ANC ou du CPR, du président Marzouki. Ettakattol considère l'appel du parti islamiste comme "contraire aux principes démocratiques d'autant plus que son candidat, Ben Jaafar, serait loin d'obtenir le consensus. Pour le CPR qui partage le même avis, la proposition confisque le droit des Tunisiens à faire librement leur choix" . Les commentaires abondent dans le même sens. Pour le parti Al Joumhouri, cette proposition vise à "limiter le champ d'action du futur président qui sera à la merci des partis politiques et leur otage". L'élection, ajoute-t-il, doit être le "reflet réel" de la volonté populaire. Cependant, à quel jeu s'adonne ce parti quand on sait que son candidat à la présidence n'a de cesse de faire des appels du pied au parti islamiste pour gagner ses faveurs. Pour la gauche représentée par le Front populaire, la proposition "surréaliste" du parti islamiste n'est qu'une "opération de séduction" adressée aux éventuels candidats et sans tenir compte des intérêts supérieurs du pays. Cependant, Rached Ghannouchi ne s'en dégage pas. Dans une interview à France 24, il est allé encore plus loin en annonçant que son parti est prêt à soutenir n'importe quel candidat qui obtiendrait le consensus, même s'il s'agit de Béji Caïd Essebsi. Pour justifier sa position, il évoque la conjoncture politique de transition que traverse le pays. Ghannouchi qui affirme qu'il n'accorde, personnellement, aucun intérêt au poste de président de la République annonce, ouvertement, que quand bien même son parti venait à remporter les élections où "ses chances sont grandes" il ne gouvernera pas tout seul. Là, il semble avoir retenu la leçon. Nom Adresse email