J'y suis, j'y reste. C'est M. Marzouki qui le dit pour conserver son poste de président de la République jusqu'à la dernière minute. Il l'avait dit, mais il l'a confirmé dimanche soir au cours d'une interview télévisée. Le président Marzouki a été amené à parler de cette question alors que de nombreuses voix l'avaient interpellé pour démissionner de son poste au plus tard en avril prochain, s'il avait l'intention de présenter sa candidature à l'élection présidentielle. S'attachant à la légalité, le locataire du palais de Carthage a affirmé que rien ne l'y oblige. Aussi restera-t-il à son poste jusqu'à la prochaine élection présidentielle. Dans le même ordre d'idées et pour remettre le pays sur les rails, M. Marzouki a appelé à hâter l'organisation de toutes les élections dans les plus brefs délais. Bien entendu, M. Marzouki ne sera pas seul à avoir un oeil sur le palais de Carthage. Pas moins de sept noms circulent dans le pays comme candidats potentiels. Il s'agit de MM. Caïd Essebsi, patron de Nidaa Tounès dont la candidature est confirmée, Mustapha Ben Jaâfar, actuel président de l'ANC, Hamadi Jebali, ancien Chef du gouvernement et secrétaire général du parti islamiste Ennahda, Hamma Hammami, porte parole du Front populaire, Néjib Chebbi, du parti Al Joumhouri, en brouille actuellement avec Caïd Essebsi, Abdelwaheb El Hani, du parti El Majd, peu implanté et peu connu par les Tunisiens et le professeur de droit constitutionnel, Kaïs Saâyed. En attendant, le visage politique tunisien connaîtrait, les prochains jours, un nouvel aspect. Rien n'assure que les alliances actuelles résisteront à l'effet du temps et au changement de positions en fonction des soutiens mutuels que s'accorderont les partis les uns aux autres. Si la gauche, représentée par Hamma Hammami et Ennahda semblent se satisfaire, chacun, de faire cavalier seul vers les élections, ceux qui portent l'étiquette de démocrates modérés ne semblent pas prêts à faire front uni lors des élections. Chacun y va de sa chanson comme l'atteste la brouille survenue, récemment, entre Nidaa Tounès de Caïd Essebsi et Al Joumhouri de Néjib Chebbi qui, il n'y a pas longtemps, étaient unis sous la bannière de l'Union pour la Tunisie (UPT) et tous deux faisaient partie aussi du Front national incluant la gauche. La sortie, volontairement, d'Al Joumhouri de l'UPT et son exclusion de Front national le confirment dans son intention de leur tourner le dos et de chercher d'autres alliances. Certains lui prêtent l'intention de trouver refuge chez Ennahda. Le bruit circule, mais ce parti s'inscrit en faux contre ces allégations. Pour revenir aux dissensions qui minent, aujourd'hui, le Front du salut, les observateurs estiment que faute "d'ennemis", ce front commence à broyer ses composantes dont Al Joumhouri. Constitué suite à l'assassinat, en juillet dernier, du député Mohamed Brahmi, ce front avait pour objectif de faire chuter le gouvernement islamiste d'Ali Laarayedh. Aujourd'hui que le pays est géré par un gouvernement indépendant que toutes les composantes politiques sont décidées à soutenir, le Front du salut n'a plus d'arguments pour pérenniser son existence. D'autant plus qu'il est tôt de parler d'alliances électorales. Cependant, peut-on insulter l'avenir quand on voit Ghannouchi et Caïd Essebsi, revenir à de meilleurs sentiments après que le premier eut qualifié Nidaa Tounès de "plus dangereux que les salafistes" et que le second lui eût rendu la monnaie en le qualifiant de "Satan". Après quoi, ils se sont rencontrés à Paris où Caïd Essebsi aurait obtenu le soutien des islamistes pour l'accession à la présidence de la République. C'est, en effet, le parti islamiste qui a pesé de tout son poids à l'ANC pour supprimer l'article stipulant la limitation d'âge pour le candidat à la présidence. N'oublions pas que M. Caïd Essebsi est âgé aujourd'hui de 88 ans et qu'il rêve d'habiter Carthage pour couronner, comme il le souhaite, une carrière politique longue de plus de 60 ans. M. K. Nom Adresse email