La rencontre, organisée lundi soir avec les voyagistes algériens, a révélé des pistes de travail intéressantes à mettre en place pour mieux organiser le flux touristique. C'est à cœur ouvert que s'est déroulé, lundi soir à l'hôtel El-Aurassi, le débat entamé entre les voyagistes algériens et Wahida Jaiet, directrice générale de l'Office national du tourisme tunisien. Pour sa première sortie à l'étranger, depuis son accession à ce poste, la nouvelle responsable de l'ONTT a choisi l'Algérie comme première halte pour dire toute l'attention accordée au marché algérien qu'elle a qualifié de "hautement stratégique" et de "prioritaire". Reste à savoir à quel point, à plus forte raison, les entrées des Algériens ont beaucoup diminué depuis la révolution au pays du Jasmin avec un sensible retour à la normale en 2014 où les Tunisiens tablent sur 1 million d'entrées. "Les touristes algériens représentent 20% des entrées globales", a révélé Wahida Jaiet venue sonder les opérateurs algériens pour mieux appréhender l'avenir. La tendance générale qui s'est dégagée du débat converge, d'ailleurs, vers le souhait de voir les Tunisiens changer d'attitude vis-à-vis du marché algérien et montrer "plus de respect" à l'égard des voyagistes. "Souvent, nous sommes confrontés à des hôteliers qui ne respectent pas leurs engagements, nous mettant en porte-à-faux avec nos clients, alors que nous avons des contrats fermes et que nous procédons à des allotements en temps souhaité. Il est inacceptable de nous laisser à la dernière minute pour nous dire que c'est complet, sans même nous proposer de dates alternatives", s'est plaint un opérateur cédant la parole à un autre responsable d'une agence de voyages qui, à son tour, a abordé la problématique de la tarification et le fait que le marché algérien soit traité différemment. "Il arrive parfois que la réservation se fasse à partir d'un pays européen pour un client algérien, mais à son arrivée à l'hotel et en déclinant son identité, on lui refuse l'accès, moyennant un surplus", raconte-t-il, expliquant que "les textes n'interdisent en aucune façon d'acheter un produit mis en ligne", s'interrogeant, dans la foulée, sur cette discrimination. D'autres soucis ont été abordés lors de cette rencontre et notamment ceux se rapportant aux prestations qui, selon les voyagistes algeriens, "se sont sensiblement détériorés même au niveau des établissements de haut standing". Viennent s'ajouter à cela les appréhensions en termes de sécurité et l'absence de véritable campagne de communication et de marketing en direction du marché algérien. "Auparavant, les Tunisiens nous voyaient comme une opportunité, aujourd'hui, ils nous voient comme un marché", nous a déclaré un voyagiste algérien insistant sur ce problème de segmentation qui, selon son avis, finira par détourner le touriste algérien de la destination Tunisie si les responsables du tourisme tunisien ne revoient pas leur copie. Diversification du produit, meilleure qualité de service et concertation entre opérateurs Il est clair que la nouvelle responsable de l'ONTT n'est pas venue pour vendre la destination Tunisie pour cet été, mais plutôt pour asseoir une nouvelle base de coopération entre opérateurs et faire part de la nouvelle vision tunisienne qui accorde au marché algérien, selon ses propres affirmations, une attention particulière. C'est d'ailleurs à ce titre que Wahida Jaiet a écouté les opérateurs algériens avec une oreille très attentive, les assurant de la disponibilité de son instance à ne ménager aucun effort pour améliorer les conditions de coopération à tous les niveaux et transmettre à qui de droit tout ce qui dépasse les prérogatives de l'ONTT. "Les tarifs pratiqués par les opérateurs tunisiens sont libres ; je ne peux rien y faire, mais je m'engage, en revanche, à veiller à ce que les prestations correspondent aux prix que doit payer le touriste algérien", a-t-elle assuré, promettant également de poser la problématique du manque de disponibilité des titres de transports, notamment en période de pointe. Pour ce qui est de la taxe de séjour actuellement en débat, l'oratrice a précisé que "son application ne sera pas possible pour cet été" et qu'"il existait la possibilité pour que le touriste algérien soit exempté sans pour autant s'engager la dessus". La première responsable de l'ONTT, qui parle d'une nouvelle approche pour ce qui est du marché algérien, a invité les voyagistes à toujours se référer à son instance pour faire part de leurs doléances et autres réclamations. Elle dira à ce propos : "De notre côté, nous sommes investis pour recarder la situation. Reste à ce que les opérateurs participent à cet effort en faisant remonter l'information en temps réel pour que nous puissions remédier à cela, à plus forte raison qu'il existe une centrale de réclamations dédiée à cet effet." L'effort en question s'est traduit par des mesures concrètes entreprises par les responsables tunisiens qui pratiquent à la fois l'accompagnement et la sanction. "Pas moins de 4 000 inspections ont été effectuées depuis janvier dernier", a-t-elle affirmé, indiquant que "cela a abouti à la prononciation de 16 mises en demeure, 6 avertissements, 4 unités hôtelières déclassées, 8 fermetures entre hôtels et restaurants et 19 agences de voyages fermées". Wahida Jaiet a fait part, par ailleurs, d'une nouvelle campagne de communication qui sera dédiée tout spécialement au marché algérien, ainsi que la volonté de prospecter de nouvelles pistes de coopération avec, entre autres, la diversification du produit, une meilleure qualité de service et concertation entre opérateurs pour fidéliser le touriste algérien. N. S. Nom Adresse email