Résumé : Nora apprend de sa mère que son futur prétendant n'est autre qu'un cousin éloigné de la femme de son oncle maternel. Il était lui-même divorcé deux fois, et de ce fait avait consenti à faire un effort pour l'épouser... La jeune femme est frustrée par de telles révélations ! Stupéfiée, terrifiée et glacée jusqu'aux os par ces révélations, Nora sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle ne put qu'articuler la question qui lui brûlait les lèvres : - Cet homme a-t-il déjà formulé sa demande ? Ravie par cet intérêt brusque, sa mère, qui pensait que sa fille se réjouissait de se savoir désirée par un émigré, s'empresse de répondre : - Bien sûr... Nous allons le recevoir demain dans l'après-midi... Louisa m'a assuré que depuis qu'il a vu tes photos, il ne parle que de toi. - Mes photos... ? Qui les lui avait montrées ? - Louisa pardi... J'en ai pris les meilleures, ne t'inquiète pas. Nora ne trouve plus de mots. Les dés étaient jetés, et ses parents ne faisaient qu'une simple formalité de la demande en mariage car, pour eux, Nora ne pouvait qu'accepter l'homme que sa mère a pu dénicher en remuant ciel et terre, et en ayant recours aux services des voyantes et de sa belle-sœur. - Alors ma fille, tu ne trouves plus rien à dire n'est-ce-pas ? Tant mieux, car le silence est un signe d'acquiescement. Je vais annoncer cette grande nouvelle à ton père... Il n'attendait que ça depuis que je lui en ai touché un mot. Nora n'entendait plus rien. Ne ressentait plus rien. On dirait que la terre s'est arrêtée de tourner, que le soleil s'est caché et que les ténèbres avaient pris possession de tout son être. Elle se dirige d'un pas lent vers sa chambre et referme la porte derrière elle. Sa mère sourit. Elle avait gagné la partie, et maintenant elle pourra penser à préparer son plat de petits pois. Nora passe une nuit agitée. Demain, elle avisera, ne cessait-elle de se répéter. Elle fera sentir à cet homme qu'elle n'était pas la femme idéale dont on lui avait fait les éloges. Qu'elle n'était qu'une petite enseignante qui venait de divorcer après trois années de vie commune avec un homme qu'elle avait aimé plus que tout au monde, et qu'elle aimait encore. Cette pensée traversa son esprit comme une flèche enflammée. Elle aimait encore Yazid... Malgré tout ce qu'il lui avait fait, elle n'avait pu l'oublier. Prise d'une soudaine inspiration, elle ouvrit son armoire et en ressortit un album dans lequel elle avait discrètement collé certaines photos d'elle et de Yazid. Elle en prit quelques-unes et contempla le reflet de son bonheur passé, avant de les serrer contre son cœur et d'éclater en sanglots. Sa vie s'effritait sur les dalles de l'incompréhension et de l'égoïsme de ses parents. Elle avait tout tenté pour sauver son mariage, car elle savait au fond que ses parents ne seraient pas enchantés de la revoir chez eux, et qu'ils s'empresseraient de faire d'elle un bouc émissaire. Sa mère avait parlé de Adel et de son mariage imminent. Adel est l'homme de la famille après son père... Lui, n'avait pas besoin de quitter le toit familial... Sa mère refuserait qu'il s'éloigne d'elle. Par contre, elle, elle devrait songer à céder sa place et à quitter les lieux. Cette situation dramatique n'était pas pour la rassurer. Elle savait que l'homme qui allait se présenter le lendemain était très attendu et très convoité. Quel qu'il soit, ses parents ne voyaient en lui que le sauveur qui allait les débarrasser de sa présence. Elle s'essuie les yeux et passe une main caressante sur une photo de Yazid avant de refermer l'album et de le remettre dans l'armoire. Un pan de sa vie venait de s'écrouler ! Le lendemain, elle aura la surprise de sa vie. Son prétendant avait l'âge de son père, et était déjà plusieurs fois grand-père. Il s'était marié deux fois, et avait divorcé de ses deux premières femmes car, selon lui, elles étaient ennuyeuses et sans aucune classe. Nora lui avait jeté un coup d'œil, alors qu'il se vantait d'avoir érigé une fortune colossale à la sueur de son front. Achour n'était plus de la prime jeunesse. Et la perspective de prendre une femme de l'âge de sa plus jeune fille le réjouissait. Il semblait heureux et parlait d'une voix forte en gesticulant et en lançant des clins d'œil insistants à Nora. Louisa, sa tante, à qui la famille devait une fière chandelle pour avoir pu lui ramener un prétendant aussi "civilisé", lui pince le bras : - Tu vois Nora, il n'a d'yeux que pour toi, je suis sûre que tu lui plais beaucoup . Ah ah ah, on jurerait qu'il ne va pas partir d'ici, sans avoir fixé la date du mariage. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email