Pour l'ancien chef de gouvernement, le salut pour l'Algérie tient à la mise en place d'un nouveau consensus politique. À Constantine, où il était avant-hier, Mouloud Hamrouche a présenté un inquiétant état des lieux sur la situation du pays, lors d'une conférence qu'il a animée à l'hôtel El-Hocine de la nouvelle ville Ali-Mendjeli. "Un changement radical est à prévoir dans l'immédiat avec les crises des énergies, alors que nous sommes dans une impasse totale", a annoncé, sur un ton grave, l'ancien chef de gouvernement devant un parterre de représentants de la société civile et de journalistes. Poursuivant sur sa lancée, il affirmera que "l'implosion est inévitable si la situation politique devait rester la même encore dans le pays". "Au lieu d'attendre l'arrivée de cette implosion, nous devons trouver des alternatives et des solutions par le biais d'un nouveau consensus. Il est du devoir des élites et des nouvelles générations de chercher de nouvelles méthodes pour instaurer une démocratie véritable et asseoir un Etat moderne qui reflètent un ordre politique garant des libertés des citoyens. Nous ne devons plus accepter ce processus qui dure depuis 25 ans et qui mène à l'effondrement de l'Etat", préviendra, une fois encore, Mouloud Hamrouche. Pour l'ancien chef de gouvernement, la mise en place d'un nouveau consensus doit passer par un débat sérieux, fondé sur le dialogue enrichissant, et non sur les insultes, les invectives et les accusations. Du point de vue du conférencier, il faut débattre autour de l'idée principale qui prônerait "un Etat moderne qui répond aux attentes d'une société". Mouloud Hamrouche reste convaincu pourtant qu'"il n'y aucune chance d'instaurer un système démocratique sans le soutien de l'armée". Evoquant le phénomène de la corruption qui gangrène les rouages de l'Etat, l'ancien Premier ministre ne ménagera pas ses propos pour le qualifier de mode de gestion : "Aujourd'hui, nous faisons face à des réseaux et non à des institutions, et c'est pour cela que la corruption règne en maître dans nos administrations." Il ne sera guère plus tendre avec les dirigeants du pays qui abuseraient leurs administrés en leur cachant la vérité sur la situation réelle du pays. "La politique, c'est d'abord de la sincérité, on ne peut pas gouverner en mentant constamment aux citoyens." M. Hamrouche reste, cependant, optimiste en déclarant que "l'espoir est toutefois permis. La société civile, les associations et les citoyens doivent se mobiliser pour changer la situation qui persiste depuis 25 ans. Ainsi, l'Algérie aura une chance de s'en sortir". Ce qui se passe en Syrie et en Libye, l'ancien chef de gouvernement le considère comme "un avertissement", une mise en garde. "La situation est d'autant plus grave que nous vivons dans une région instable confrontée à des crises politiques et à des guerres permanentes. La prudence est devenue une attitude obsessionnelle pour les gouvernants, une forme de peur, et c'est la raison pour laquelle ils n'arrivent plus à prendre en charge la population", regrettera le conférencier. S B Nom Adresse email