Une fois de plus, l'ancien chef de gouvernement a longuement évoqué "la nécessaire" implication de l'armée pour une transition et "un consensus national" qui doivent libérer des institutions de la mainmise "des réseaux maffieux". L'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, a rencontré, dans la nuit de jeudi à vendredi, la société civile béjaouie. La rencontre, qui s'est déroulée à l'hôtel Royal, a été initiée par l'Association des journalistes-correspondants de la wilaya de Béjaïa. La salle s'est avérée trop exiguë pour contenir les militants politiques et autres membres de la société civile, inquiets devant l'état de déliquescence atteint par les institutions, mais aussi les nombreux citoyens venus assister à la conférence. L'ancien chef de gouvernement, accompagné de ses fidèles collaborateurs dont l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abderrahmane Hadj Nacer, a résumé la solution à la crise en un mot : "Discutons" ; une discussion à laquelle devraient prendre part, selon lui, tous les acteurs concernés, les élites politiques et sociales, le pouvoir politique et plus particulièrement l'armée, insiste-t-il. Car, pour Mouloud Hamrouche, "il n'existe aucun parti ou partie en mesure de former un gouvernement" sans l'appui de cette institution ; il faut même préserver impérativement le respect dont elle jouit. Il est même convaincu qu'il n'y aucune chance d'instaurer un système démocratique sans l'aval et le soutien actif de l'armée. Un point de vue qu'avait du mal à accepter une partie de l'auditoire, qui reproche à la grande muette d'avoir fermé les yeux sur des dérapages dangereux survenus ces quinze dernières années dans la gouvernance du pays. Mais Mouloud Hamrouche est convaincu que sans l'implication de cette institution, il n'y a pas de transition possible, du moins dans la sérénité qu'exige la situation chaotique à laquelle s'achemine inexorablement le pays, selon lui. "Aujourd'hui, cette armée demeure la seule force organisée du pays malgré des crises majeures, (...) Mais l'Etat de droit n'est pas là", a-t-il rappelé. Et, pour aspirer à cet Etat de droit pour lequel se sont sacrifiées des générations, il faut aller vers un nouveau consensus national. Ce n'est qu'après qu'on pourra mettre en place "un Etat moderne avec des administrations pérennes de l'Etat et mettre un terme aux réseaux d'intérêt". Hamrouche a plaidé, à ce propos, pour l'instauration d'institutions constitutionnelles efficaces qui n'attendent pas seulement des directives d'en haut, mais celles qui peuvent participer au changement, à la création de contre-pouvoirs qui peuvent contrôler le gouvernement et prendre part à la prise de décision, ainsi que la reconstruction de l'opposition qui doit être associée à l'édification du pays. On en est encore bien loin, selon M. Hamrouche qui a dressé un tableau noir de la situation. "Les partis politiques sont en crise, l'administration publique n'a rien de public, l'impôt n'existe pas, les grands services publics sont quasi inexistants (voir la situation de nos hôpitaux), l'économie ne fonctionne pas, c'est le cas aussi de l'école malade, et, par ricochet, c'est nous tous qui sommes malades", a-t-il indiqué. Forcément, devant une société en complète déliquescence, la menace est présente, a-t-il averti. Il est même convaincu que l'impasse actuelle du pays va le conduire à une implosion. Car le système en place a atteint ses limites et ne peut plus se reproduire et l'action du gouvernement est bloquée. La preuve, il n'arrive plus à agir à Ghardaïa, alors que la crise secoue la région depuis plusieurs mois, malgré les engagements publics de trouver une issue à la crise. Mouloud Hamrouche n'exclut pas de voir surgir d'autres conflits dans d'autres contrées, qui peuvent même se généraliser. "Regardons ce qui se passe dans la région, notamment en Libye. L'Algérie n'est pas à l'abri d'un tel scénario", a mis en garde l'ancien chef de gouvernement. Il faut arriver à un nouveau consensus national et que celui-ci soit défini avant tout sur la base de la réhabilitation de l'Etat et de ses institutions qui sont livrées aux réseaux mafieux. L'armée doit servir de clé de voûte pour réussir cette transition car, pour l'ancien chef de gouvernement "les prémices d'un effondrement du pays sont là". M. O. Nom Adresse email