Cent jours après le début du quatrième mandat de Bouteflika, le gouvernement semble naviguer à vue, voire frappé d'inertie, laissant les opérateurs économiques dans l'expectative. "Après les mots et les discours, le temps des actes serait-il venu ?" Cette interrogation lancée par le représentant résident de la Banque mondiale en Algérie, Emmanuel Noubissie Ngankam, dans une analyse publiée dans la dernière édition de La lettre d'El-Djazaïr de l'institution, prend tout son sens, 100 jours après la réélection du président Abdelaziz Bouteflika pour un nouveau mandat de cinq ans. Cent jours après le début du quatrième mandat de Bouteflika, le gouvernement semble naviguer à vue, voire frappé d'inertie, laissant les opérateurs économiques dans l'expectative. Pourtant, le président de la République, lors du premier Conseil des ministres du quinquennat en cours, le 7 mai dernier, a souligné que "les pouvoirs publics devront livrer une véritable course contre le temps dans la mise en place des réponses aux attentes de la population, notamment la jeunesse, et dans la construction d'une économie diversifiée et compétitive pour assurer une meilleure croissance, ainsi que la pérennité du développement national et de la politique de justice sociale". Sur le terrain, "il n'y a rien de nouveau sous le soleil". Le gouvernement a plutôt excellé dans la gestion par effets d'annonce. C'est le cas du ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesslam Bouchouareb, qui a annoncé "une révision profonde" du code des investissements. La nouvelle loi, finalisée, "a été envoyée au Premier ministre pour l'étudier et la valider". Il faudra attendre, finalement, octobre prochain, pour voir l'ancien code des investissements amendé. Le ministre avait affirmé récemment que "beaucoup" d'articles de cette loi qui date de 2001 connaîtront des amendements, précisant que le nouveau texte visait en priorité "à débureaucratiser l'acte d'investir pour promouvoir la création d'entreprises et de la création de richesses". L'ordonnance 01-03 du 20 août 2001 relative au développement de l'investissement semble avoir glissé, sous l'effet des innombrables retouches dont elle a fait l'objet, pour finir par changer de nature et passer de la position d'instrument de développement de l'investissement à un instrument d'encadrement et de contrôle fort éloigné des objectifs qui ont présidé à son adoption. Eclaté, illisible, opaque, contradictoire, non sécurisant, instable et imprécis, ce texte a, aujourd'hui, pratiquement perdu toute attractivité. Le ministre de l'Industrie et des Mines a enfin annoncé la finalisation de la réorganisation du secteur public marchand, "qui, aujourd'hui, dans sa forme actuelle, n'est plus adapté et ne répond plus aux exigences de l'heure". M. Bouchouareb évoque la mise en place de groupes industriels, "au moment opportun". De grands groupes publics qui coifferont les filières à promouvoir. L'objectif est de faire émerger des sociétés commerciales efficientes et amorcer, ainsi, le processus de développement de champions économiques qui modifieront les conditions d'intégration de l'économie dans la sous-région. Cette énième opération restructuration sortira-t-elle le secteur public de sa léthargie ? Rien n'est moins sûr. Les travaux de restructuration du secteur public entrepris depuis le lancement des réformes économiques n'ont pas porté sur l'essentiel : constituer des entités viables et capables de synergie industrielle. La répartition des entreprises entre les différentes structures chargées de la gestion des participations de l'Etat a été faite de manière administrative. Les logiques semblent davantage répondre au besoin de faciliter le travail administratif qu'à développer la compétitivité. Il faut peut-être attendre la loi de finances 2015 pour connaître les véritables intentions du gouvernement et voir se concrétiser toutes les promesses faites durant la campagne électorale. Le temps presse. Notre pays a grand besoin de s'engager, enfin, dans la vraie voie de développement. À défaut, "le scénario de la déchéance" décrit par le professeur d'économie Abdelhak Lamiri, dans son livre La décennie de la dernière chance, risque de se réaliser. M. R. Nom Adresse email