"Restée fortement dépendante des exportations d'hydrocarbures durant plusieurs décennies, l'Algérie s'efforce aujourd'hui de développer les activités à forte valeur ajoutée et la production locale, de réduire la facture des importations et de créer de l'emploi", souligne le cabinet d'intelligence économique britannique Oxford Business Group (OBG). "Même si les progrès sont lents, le pays a récemment récolté le fruit de ses efforts, puisqu'une vague de nouveaux investissements dans l'industrie manufacturière a été annoncée par divers investisseurs nationaux et étrangers", relève OBG dans un une analyse publiée mardi dernier. Le cabinet d'intelligence économique britannique a constaté que plusieurs années de sous-investissement ont mis à mal la compétitivité et la productivité dans le secteur industriel hors hydrocarbures, qui représente moins de 5% du produit intérieur brut (PIB). Pour remédier à ce déséquilibre, "le gouvernement a cherché à mettre en place une série de mesures incitatives pour favoriser les dépenses en capital". OBG estime que "les réformes entreprises ont eu un effet notable". D'après l'Office national de la statistique, relève-t-il, l'indice de la production industrielle au premier semestre 2013 a enregistré une croissance à deux chiffres (12,5%) dans un certain nombre de segments, notamment la sidérurgie, la métallurgie, la mécanique et l'électronique, et une hausse de 7,5% dans les industries chimique et plastique. "Ce sont néanmoins les dépenses en capital qui ont progressé de la façon la plus spectaculaire", tempère OBG. Il cite le groupe Cevital qui a fait part au mois de juin de son intention d'investir 200 millions d'euros dans la construction d'une usine de production de machines à laver et de réfrigérateurs. Celle-ci produira des appareils électroménagers de différentes marques, notamment Brandt, puisque le groupe a racheté en avril dernier le fabricant d'électroménager français, FagorBrandt, pour 25 millions d'euros. L'an dernier, le groupe a racheté le français Oxxo, fabricant de portes et de fenêtres en PVC, pour 12 millions d'euros. OBG évoque, également, citant la presse allemande, les sociétés allemandes Rheinmetall et Ferrostaal qui doivent signer prochainement avec l'Algérie un contrat chiffré à 2,7 milliards d'euros pour la production de 980 véhicules blindés. Selon les modalités de l'accord, les deux groupes devraient construire une usine à Aïn Smara, près de Constantine, d'où sortiront des véhicules blindés de type Fuchs. L'usine sera dotée d'une capacité de production de 120 unités par an, toutes destinées à l'Armée algérienne. Cette annonce fait suite à la conclusion, au mois d'août dernier, d'un accord entre la société émiratie Tawazun Holding et le Groupement pour la promotion de l'industrie mécanique (GPIM), contrôlé par le ministère de la Défense, concernant la construction d'une usine d'assemblage de véhicules blindés à Khenchela. Le cabinet londonien rappelle aussi qu'en juin 2013, une joint-venture turco-algérienne, Tosyali Holding, a inauguré un nouveau complexe sidérurgique chiffré à 750 millions de dollars, situé non loin d'Oran, tandis qu'au mois de septembre, le laboratoire pharmaceutique français Sanofi a débuté la construction d'un nouveau site de production à Sidi Abdellah, au sud-ouest d'Alger, un investissement de l'ordre de 70 millions d'euros. Cette usine, dont la capacité prévue est de 100 millions d'unités par an, sera la troisième du groupe en Algérie, et la plus importante en Afrique. Entre-temps, en juin cette année, Renault a annoncé le prochain lancement des tests sur les modèles issus de sa nouvelle usine de Oued-Tlelat, au sud-ouest d'Oran, actuellement en chantier. La production commerciale devrait démarrer en novembre. D'après les estimations, la première phase de construction de l'usine a représenté un investissement de l'ordre de 50 millions d'euros. Sa capacité de production sera initialement de 25 000 unités par an, mais devrait à terme être portée à 75 000 unités. "D'autres projets de production automobile pourraient également y être menés", affirme OBG. Abdessalem Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines, rappelle le cabinet, a déclaré qu'un autre projet dans le secteur faisait actuellement l'objet de discussions. M. Bouchouareb n'a pas révélé le nom de la société pressentie pour ce projet prospectif, mais a évoqué, au terme de discussions avec la ministre italienne du Développement industriel, Federica Guidi, d'éventuels investissements italiens en Algérie. Il a, par ailleurs, appelé la société italienne Fiat à investir dans la construction d'une usine de pièces détachées dans le pays, en précisant que l'Algérie pourrait offrir au groupe un éventail de mesures incitatives pour faciliter le processus. "Un effort concerté du secteur public et du secteur privé sera nécessaire pour faire progresser de façon significative le PIB de l'industrie et soutenir de façon durable la création d'emplois et la croissance des recettes d'exportation, mais les initiatives prises par le gouvernement algérien ces quelques dernières années ouvrent des perspectives encourageantes concernant le potentiel de la production industrielle", estime OBG. M. R. Nom Adresse email