Selon un rapport du cabinet Oxford Business Group (OBG) pour l'Afrique du Nord, la stratégie industrielle algérienne s'oriente aujourd'hui sur le secteur de l'industrie manufacturière confortée par une série de politiques aussi bien de déploiement sectoriel ou spatial, de la mise à niveau, de l'innovation, de la politique vis-à-vis des IDE (Investissements directs étrangers), et des ressources humaines. Dans le rapport, il est fait motion qu'une grande partie de la production industrielle nationale est destinée au marché local, notamment au secteur du bâtiment, qui a reçu l'appui du gouvernement à travers un programme de 15 milliards de dollars visant à améliorer les infrastructures, à résorber la pénurie actuelle de logements et à accroître les capacités de production d'énergie. Alors que l'industrie manufacturière est principalement axée sur un petit groupe de secteurs, principalement les métaux, les matériaux de construction et les produits électriques et chimiques. Parmi les principales industries hors hydrocarbures figure le ciment, un secteur actuellement dominé par le groupe français Lafarge suite à un échange d'actifs, début 2008, avec Orascom Cement, qui occupe, à présent, la position de leader dans la production de matériaux de construction sur l'ensemble du marché du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Par ailleurs, en juin 2008, Lafarge a consolidé sa position sur le marché algérien en achetant 35% du capital de la cimenterie de Meftah, située à 20km d'Alger, pour un montant de 43,5 millions d'euros (68 millions de dollars). L'accord comprend également la signature d'un contrat de management d'une durée de 10 ans et l'engagement par Lafarge de mener à bien les investissements nécessaires pour accroître la capacité de production à 1,2 million de tonnes en 2010, contre 800 000 tonnes actuellement. Toujours selon le rapport, un autre secteur, qui bénéficie de l'actuel essor du bâtiment en Algérie, est l'industrie métallurgique. La plus grande usine sidérurgique du pays, située à El-Hadjar, au nord-est du pays, dans la province d' Annaba, est exploitée par le géant mondial de l'acier Arcelor Mittal, et affiche une capacité de production annuelle de l'ordre de 1,3 million de tonnes. Malgré la chute du prix de l'acier et la diminution de la demande, le groupe Arcelor Mittal a annoncé, en décembre, qu'il envisageait de réaliser une nouvelle usine à Bellara, située à 350km d'Alger, pour un investissement de 1,5 milliard de dollars. Tout comme l'industrie cimentière, les producteurs sidérurgiques algériens ont accès à de vastes ressources de matières premières, avec notamment les mines d'Ouenza et de Boukhadra, qui renferment d'énormes quantités de minerai de fer. Le secteur chimique n'a pas été en reste puisque, selon les rédacteurs du rapport, il connaît aussi un essor rapide, sous l'impulsion de l'industrie des hydrocarbures qui lui procure les matières premières dont il a besoin. Par ailleurs, le secteur des métaux contribue à la forte progression de l'industrie du câble. En mai l'année dernière, la société américaine General Cable Corporation (GCC) a acquis une participation majoritaire dans le capital d'Enica Biskra, un fabricant algérien de câbles d'alimentation et de construction basse et moyenne tension qui a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 70 millions d'euros pour l'exercice 2007. La direction de GCC a déclaré qu'elle investirait quelque 26 millions d'euros pour renforcer la capacité de production et l'offre de produits, ainsi que pour développer l'activité commerciale du groupe en Afrique du Nord et en Europe. En septembre 2008, la société Uhde, filiale du groupe allemand ThyssenKrupp, a été choisie par la société Sofert Algérie, dont le capital est détenu par la société nationale Sonatrach et Orascom Construction Industries, pour la conception et la construction, clés en main, d'une usine d'engrais à Arzew, pour un montant de 2 milliards de dollars. Le rapport conclut sur la montée en puissance des investissements issus des secteurs public et privé ainsi que la poursuite du processus de privatisation des entreprises publiques qui fourniront une source d'emplois et de revenus croissante et durable. Néanmoins, OBG estime qu'il est fort peu probable que l'industrie manufacturière puisse détrôner l'industrie des hydrocarbures dans les années à venir. Mohamed Latrech