Les pouvoirs publics sont en quête de financements pour le lancement de plusieurs projets industriels. Dans ce sens, le cabinet de consulting britannique Oxford Business Group propose une lecture de la loi des finances complémentaire pour 2008, à travers laquelle, il estime que dans le souci de sortir de sa dépendance aux hydrocarbures, l'Algérie est en passe de lancer un programme industriel de première importance et pour lequel la question des financements est très importante. OBG affirme par contre que le gouvernement algérien s'appuie sur la nouvelle loi de finances complémentaire (LFC) pour trouver de nouveaux modes de financements. Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, a d'ailleurs déclaré à OBG que «compte tenu de l'embellie financière actuelle et de la volonté de diversifier l'économie, il est essentiel pour l'Algérie de conduire les réformes adéquates pour se prémunir contre d'éventuels retournements des marchés internationaux. Les pouvoirs publics sont tout à fait conscients des répercussions drastiques qu'un éventuel retournement brutal du marché pétrolier international aurait sur les capacités financières de l'Algérie». Le cabinet de consulting britannique évoque dans ce contexte la recapitalisation des banques publiques qui sont désormais appelées à devenir les principaux acteurs pour supporter ces besoins de financements prioritaires. OBG rappelle dans ce sens qu'avec une part de marché évaluée à 90%, les banques publiques jouent un rôle capital dans le processus de relance industrielle. D'ailleurs, les grandes banques publiques financent déjà de nombreux projets industriels, comme en témoigne le complexe d'ammoniac et d'urée d'Arzew, réalisé en partenariat entre la société égyptienne, Orascom Construction, et la Sonatrach, pour un investissement total de 1,1 milliard d'euros. Néanmoins, les banques publiques ne seront pas les seules à supporter cette charge. Dans ce sens, le premier argentier du pays a affirmé à OBG que «l'émergence de nouvelles activités de production nécessite aussi l'implication de l'investissement extérieur, source de financement et d'apport technologique favorisant la compétitivité sur les marchés extérieurs». Le rapport d'Oxford Business Group revient également sur la nouvelle stratégie industrielle et l'ambition affichée par les pouvoirs publics de créer 13 champions industriels nationaux et ce afin de rendre l'Algérie plus compétitive à l'échelle internationale. Selon OBG, la production industrielle hors-hydrocarbures représente, aujourd'hui, moins de 5% du produit intérieur brut (PIB), le temps presse pour faire de l'industrie un secteur prioritaire. D'où l'idée de créer ces nouveaux fleurons de l'industrie, lesquels activeront en priorité dans la pétrochimie, sidérurgie, aluminium ou agro-industrie. OBG indiquera que concernant les engrais et les phosphates, le nouveau « champion industriel » comptera sur Ferphos, l'entreprise publique algérienne qui produira 20 millions de tonnes de phosphate par an d'ici 2020, contre 2,5 millions cette année. Le cabinet de consulting britannique estimera dans ce contexte que la recapitalisation des banques publiques et les nouvelles sources de financement qui en découleront permettront de soutenir la stratégie industrielle du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI), qui s'articule autour de deux axes principaux : les politiques de redéploiement sectoriel et spatial et les politiques de développement des activités industrielles. Dans ce sens, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar a indiqué à OBG que «le redéploiement sectoriel repose sur les activités industrielles manufacturières et la valorisation des ressources naturelles que recèle l'Algérie, tant dans la pétrochimie que la sidérurgie, les engrais ou les matériaux de construction, avec pour objectif de réaliser des partenariats public-privé et de réunir les conditions nécessaires au développement d'industries compétitives à même de préparer la substitution aux importations pour ensuite exporter des produits finis algériens». Et a OBG de rappeler que la stratégie industrielle a aussi pour objet la densification du tissu industriel à travers l'encouragement des activités industrielles à haute valeur ajoutée, notamment, dans les industries pharmaceutiques, électroniques et l'agro-industrie. Le redéploiement spatial, quant à lui, favorisera le développement de nouvelles industries, telles que l'industrie automobile et les nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC). «L'autre axe de la stratégie industrielle concerne les politiques horizontales, et notamment la modernisation des entreprises par la mise à niveau et la promotion des investissements industriels et étrangers, les politiques d'acquisition de technologies modernes, l'innovation et le développement des ressources humaines», a souligné M. Temmar.