Une placette publique a été baptisée, avant-hier jeudi, à Tizi Ouzou, du nom du célèbre journaliste et écrivain, Tahar Djaout, assassiné le 26 mai 1993. Retapée à neuf après de longs mois de travaux initiés par l'APC de Tizi Ouzou, cette placette, située en face du tribunal de la ville et près de la mosquée Arezki-Cherfaoui, était noire de monde jeudi après-midi. Ils étaient nombreux à répondre par leur présence à cette cérémonie qui se voulait beaucoup plus un rendez-vous avec la mémoire qu'une simple inauguration d'une placette publique. Et pas n'importe quelle mémoire. C'est celle de cet homme qui, par ses idées progressistes, était devenu "subversif" aux yeux des forces rétrogrades et qui a donc inauguré la longue liste des intellectuels algériens assassinés par les fous de Dieu. La cérémonie s'est déroulée en présence du wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi, et plusieurs membres de son exécutif, du chef de daïra, du P/APC, Ouahab Aït Menguelet, de plusieurs élus de l'APW de Tizi Ouzou, des sénateurs du FFS, Moussa Tamadartaza, et du RCD, Mohand Ikherbane, ainsi que des députés et ex-députés de ces deux partis auxquels se sont joints ceux du FLN et du RND. Sur cette belle placette entourée d'espaces gazonnés et au milieu de laquelle est réalisé un magnifique jet d'eau, il y avait aussi et surtout les membres de la famille Djaout et de nombreux journalistes, des représentants de l'association des journalistes de Tizi Ouzou et de nombreux anonymes. Il va sans dire que le fils d'Oulkhou fait partie de ces hommes qui, par leur grandeur et la grandeur de leurs œuvres, continuent, longtemps après leur mort, de rassembler sans distinction de couleur politique ou sociale pour peu qu'elle s'inscrive dans la modernité, et donc forcément dans l'esprit d'une Algérie qui avance, cet esprit défendu mordicus, au péril de sa vie, par l'auteur de L'Exproprié, L'Invention du désert, Les Vigiles, Les Rets de l'oiseleur et tant d'autres œuvres encore. À 16h, la plaque commémorative en marbre noir, qui trônera désormais au centre-ville de Tizi Ouzou, a été dévoilée dans un moment de joie, mais surtout d'émotion, par la sœur de Tahar Djaout, le wali de Tizi Ouzou et symboliquement un membre de l'association des journalistes. Un portrait de Tahar Djaout occupe une grande partie de cette plaque au bas de laquelle on pouvait lire la célèbre citation : "Si tu parles tu meurs, si tu te tais tu meurs. Alors, dis et meurs." Le vigile est désormais là. Il veille sur la liberté de s'exprimer et le courage de dire. "Nous ne pouvons pas ressusciter Djaout, mais il est de notre devoir de pérenniser sa mémoire", dira le wali de Tizi Ouzou. C'est justement par ce même devoir de mémoire que le maire de la ville, Ouahab Aït Menguelet, a profité du vaste programme de réhabilitation des places publiques de la ville de Tizi Ouzou, pour lancer cette initiative de baptiser cette si belle placette au nom de cet illustre écrivain et talentueux journaliste, Tahar Djaout. "Une initiative louable d'autant qu'aucun espace ou édifice ne porte jusque-là le nom de Djaout à Tizi Ouzou, mais nous souhaitons qu'à l'avenir, ce soit un lieu de savoir qui portera son nom", estiment les membres de l'association des journalistes. Nom Adresse email