Rencontré à l'occasion du lancement des activités du think tank “Défendre l'entreprise” le 24 février dernier au siège de Liberté, son secrétaire général, Smaïl Seghir, s'est longuement confié à Liberté . Un extrait de l'entretien. Liberté : M. Seghir, en tant que secrétaire général du think tank “Défendre l'entreprise”, pouvez-vous nous dire quel est l'objectif de cette initiative ? S. Seghir : Comme le révèle sa dénomination, le think tank que nous venons de lancer a pour vocation de défendre l'entreprise algérienne. Nous voulons la défendre parce qu'elle représente aujourd'hui une véritable solution à des problèmes majeurs que rencontre notre pays. Nous voulons la défendre parce qu'elle est mal comprise et souvent attaquée. Nous voulons aussi contribuer aux réflexions sur les moyens de rendre l'entreprise algérienne plus compétitive. Il existe déjà en Algérie des centres de réflexion sur l'entreprise comme le FCE ou Care. Comment le think tank “Défendre de l'entreprise” se distingue-t-il de ces initiatives? Voyez-vous, l'Algérie est l'un des pays au monde qui compte le moins de centres ou de clubs de réflexion sur le développement économique. Aussi, toutes les initiatives qui contribuent à la réflexion sur ce thème sont les bienvenues. Ce que font nos amis de Care, qui ont été parmi les pionniers dans ce mouvement, est un travail remarquable qu'il faut encourager. Je souhaite, cependant, préciser que le think tank “Défendre l'Entreprise” se veut un cadre de réflexion porté principalement par des universitaires, des chercheurs et des consultants. Nous ne sommes ni une organisation patronale, ni un club d'entrepreneurs. Et cela, pour préserver notre indépendance de pensée et assurer la scientificité de nos travaux. C'est, du reste, ce qui est affiché clairement dans notre charte que nous avons distribuée lors du panel du 24 février dernier. Pouvez-vous nous dire un mot sur les personnes qui ont porté cette initiative ? Le think tank s'est donné un comité exécutif composé de six personnes. Il est présidé par Taïeb Hafsi, professeur de stratégie à HEC Montréal. Abdelmadjid Bouzidi, Abdelhak Lamiri, Mohamed-Cherif Belmihoub et Najy Benhassine, tous les quatre économistes émérites, en font partie. Moi-même, en tant que consultant en management, je fais partie du comité exécutif et j'assure en même temps le secrétariat général du think tank. Pourquoi avez-vous choisi Liberté pour accueillir votre think-tank ? L'impact du think tank serait bien faible si les médias ne relayaient pas suffisamment les résultats de nos réflexions. C'est la raison pour laquelle nous avons pensé opportun d'adosser notre think tank à un journal de premier plan. Nous avons choisi Liberté parce que votre quotidien s'investit lui-même fortement dans la réflexion économique par ses initiatives comme son supplément économique ou le “Forum d'Alger”. J'imagine que ce n'est pas Liberté qui finance les activités du think tank. Qui donc finance vos activités ? La question du financement du think tank est en même temps cruciale et délicate. Cruciale, parce que les activités du think tank doivent être correctement financées pour assurer leur qualité et leur diffusion efficace. Délicate, parce qu'il faut éviter que son mode de financement puisse remettre en cause son indépendance. C'est pourquoi nous avons tenu à retenir comme premiers contributeurs non pas des sponsors mais des mécènes qui s'engagent avec nous pour faire démarrer nos activités. À cet égard, je suis en mesure d'annoncer que trois mécènes nous ont déjà rejoints. Il s'agit des groupes Cevital, Benamor de Guelma et Hasnaoui de Sidi Bel-Abbès. Les représentants des mécènes siègent avec le comité exécutif dans un conseil scientifique pour nous assurer que les travaux du think tank adressent des questions concrètes pour la promotion de l'entreprise algérienne. Mais nous restons ouverts à d'autres contributeurs - publics et privés - qui approuvent notre démarche et partagent avec nous les principes de la charte du think tank dont les plus fondamentaux sont notre indépendance et notre transparence. Vous avez cité les noms des personnes qui portent l'initiative du think tank. Avez-vous l'intention d'ouvrir le think tank à d'autres compétences ? Les membres du comité exécutif définissent le programme de travail du think tank, organisent ses travaux et en assurent la diffusion. Mais les études, enquêtes et autres travaux seront confiés à des spécialistes dans des domaines particuliers, en fonction des thèmes traités. Je suis particulièrement heureux de vous dire aujourd'hui que nous avons reçu des réactions nombreuses et souvent enthousiastes de la part d'experts algériens de très haut niveau – qu'ils soient résidents en Algérie ou membres de la diaspora algérienne – pour collaborer aux travaux du think tank. Nous allons donc les mettre à contribution pour enrichir nos réflexions et établir, à travers eux, des liens de coopération avec des institutions qui visent le même objectif que nous. Vous avez dit tout à l'heure que le think tank “Défendre l'entreprise” veut se distinguer des autres initiatives par sa production régulière. Comment les gens intéressés peuvent-ils avoir accès aux publications du think tank ? Nous réfléchissons en ce moment à une carte annuelle des “Amis du think-tank” qui permet à son détenteur de participer à nos rencontres et de recevoir nos publications. Nous lancerons bientôt une newsletter pour faire connaître le résultat de nos travaux. Enfin, nous songeons à mettre en place un site Internet. Une dernière question M. Seghir. Le lancement du think tank coïncide avec la situation particulière que connaît en ce moment la région arabe. Est-ce une simple coïncidence ou bien y a-t-il eu de votre part une volonté de “surfer” sur les évènements ? L'idée d'un think tank dédié à l'entreprise est ancienne. Elle s'est cristallisée l'année dernière lorsque, d'un côté, j'ai eu des échos favorables de la part des universitaires que j'ai contactés. Au même moment, les dirigeants des entreprises que j'ai citées tout à l'heure ont exprimé leur souhait de soutenir une telle initiative. Au début de cette année, les conditions étaient réunies pour démarrer les travaux du think tank que nous venons d'inaugurer avec le panel du 24 février. Cela dit, il est possible que la situation que connaît en ce moment la région rende les gens plus réceptifs aux idées novatrices. Si c'est le cas, le think tank ne peut que s'en réjouir. Mais je répète que notre objectif n'est pas le court terme ; car le changement auquel nous appelons doit être solidement construit pour gagner la confiance des décideurs.