Nguyên Lê et ses musiciens ont présenté le projet "Celebrating Jimi Hendrix", et Maâlem Lahbib et sa troupe ont exploré le répertoire du Diwan, lors de la 3e soirée du festival, qui a également été émaillée par une remarquable jam session entre les deux artistes. La troisième soirée du Festival international de la musique diwane d'Alger, qui se tient jusqu'au 14 août prochain, a apporté son lot de mauvaises et bonnes surprises. La mauvaise ce sont sont les deux coupures d'électricité en pleine prestation de Nguyên Lê, qui a, malgré tout, géré cette situation avec classe et réussi à se remettre avec ses musiciens dans l'atmosphère du concert ; la bonne – et la plus intéressante à relever – c'est cette jam session entre ce talentueux guitariste avec Maâlem Lahbib d'Oran, qui a réussi à montrer toute l'ampleur de son talent. La dernière partie du concert d'avant-hier au théâtre de verdure Saïd-Mekbel (Riadh el-Feth) a été consacrée à une prestation commune entre les deux artistes de la soirée, qui ont donné ainsi tout son sens au "slogan" de cette édition : "Magie et découverte", car l'instant était magique et le public nombreux a découvert un artiste d'une grande humilité et un autre qui n'a pas eu peur de confronter son goumbri aux autres instruments de musique. Une fabuleuse proposition musicale portée par des musiciens de talent qui ont pris beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Ce plaisir ils ont su le partager avec les spectateurs qui en demandaient encore. Peut-être que ce sont ces instants magiques, ces rencontres entre artistes de tous bords et de différents horizons qu'il faudrait privilégier. Le contact des Diwans avec des artistes de renommée peut non seulement leur apporter de l'expérience, mais aussi les aider à s'ouvrir davantage sur les musiques du (et dans le) monde. En tout cas, cette fusion, cette jam session, cette rencontre entre le jazz et le Diwan a permis de découvrir un jeune Maâlem audacieux et talentueux qui a un réel sens de la scène. Auparavant, et en première partie de soirée, Maâlem Lahbib et sa formation Jil Saêd d'Oran, lauréate du 2e prix lors de la 8e édition du Festival national de la musique diwane de Béchar, a revisité, de manière traditionnelle (goumbri et karkabou), plusieurs bradj (morceaux) du répertoire du Diwan. Cette formation créée en 2003 et reconstituée en 2006 autour de Maâlem Lahbib, qui excelle aussi bien dans le chant que dans le jeu de goumbri, a dispensé, somme toute, une belle prestation. Place ensuite à Nguyên Lê et ses musiciens (le bassiste Romain Labaye, le batteur Gergo Borlai et la chanteuse Himiko Paganotti), qui ont présenté le projet "Celebrating Jimi Hendrix", un hommage du guitariste de jazz à un monument de la guitare et de la musique. D'ailleurs, ce projet a donné naissance à un album en 2002 intitulé Purple. Mais sur scène, l'album est toujours revisité et l'artiste y injecte de nouvelles sonorités et propose de nouveaux arrangements. Le résultat est remarquable, car Nguyên Lê donne une seconde vie aux tubes de Jimi Hendrix, une autre dimension à sa musique, grâce à la grande marge de liberté qu'offre le jazz, mais aussi grâce à l'intelligence et la subtilité de l'orchestration. Au final, on confond Jimi avec Nguyên, on écoute du Hendrix avec une âme de jazz, on voyage dans un monde de rythmes et d'harmonies, et on succombe totalement au charme de ce projet à la fois ambitieux et réussi. Ce soir à 20h : Tang Dynasty, Maâlem Abdeslam Alikkane & Tyour Gnaoua. Prix d'accès : 300 DA. Nom Adresse email