Une rencontre musicale entre la profonde spiritualité et la puissance du son diwan et la fluidité et l'énergie du free jazz, présentée dimanche soir par le jeune groupe « Jil Essaed » d'Oran et la guitariste de jazz français Nguyên Lê, a séduit le public algérois. Se produisant pour le compte du Festival international de musique diwan qui se tient à Alger depuis vendredi, le jeune Maâllem Lahbib, lauréat du second prix du festival national de diwan tenu à Bechar en mai dernier, a réussi à imposer une session de fusion instrumentale autour du diwan. Invité à partager la scène avec le grand jazzman français Nguyên Lê qui a présenté son projet hommage « Celebrating Jimi Hendrix », Lahbib et ses musiciens ont réussi à imposer leur style sur scène et sortir de la figuration. L'audace du jeune Maâllem a très vite séduit les musiciens français et le public qui en redemandait découvrant Lahbib dont l'audace se traduit aussi dans sa façon très libérée de jouer du goumbri. Ayant collaboré avec un nombre incalculable de musiciens, le talent, l'expérience et le feeling du jazzman ont permis des arrangements ethno-jazz, rock et parfois même avec des sons des Caraïbes des solos goumbri du jeune Maâllem qui a imposé plusieurs fois de nouveaux morceaux pour prolonger cette session. Plus tôt dans la soirée, Nguyên Lê, qui s'était produit à plusieurs reprises en Algérie, avait présenté au public venu nombreux l'écouter, la dernière mouture de son album « Purple » hommage à Jimi Hendrix qui reprend les succès du guitariste de légende réarrangés par le jazzman. Sorti en 2002, ce projet n'a eu de cesse d'évoluer depuis les derniers arrangements apportés à des succès comme « Voodoo Child » ou « Up From The Skies » ont transporté le public dans l'univers particulier du jazzman qui jongle entre la puissance du rock et la fluidité du jazz tout en y greffant des nappes vocales ou des sonorités ethno-jazz puisées dans les musiques des Caraïbes ou africaines. Tout au long de sa carrière, ce musicien à vocation ouverte s'est attelé à la conception de fusions musicales sur la base de son « Jazz-rock » auquel il intègre, sans en toucher l'essence, des musiques d'autres cultures qui l'inspirent. Cependant, cette soirée, durant laquelle la magie de la musique a tissé des liens entre des cultures éloignées, a été encore entachée par deux coupures d'électricité qui ont déçu le public et mis les musiciens à rude épreuve. Ouvert vendredi, le 7e Festival se poursuivra jusqu'au 14 août au théâtre de verdure Saïd Mekbel du bois des arcades, avec encore au programme des Maâllems algériens et marocains.