Après quelques va-et-vient, un homme, suivi par son épouse et ses trois enfants, désespère de trouver un petit espace pour planter son parasol. La scène se reproduit plusieurs fois en quelques minutes. Il n'est pourtant que 11h et la plage grouille déjà de monde. Face à la grande bleue qui donne l'impression de s'endormir sous la chaleur caniculaire de ce lundi, une forêt de parasols couvre déjà de bout en bout le sable fin de la plage Tassalast sur laquelle on ne cesse de s'entasser à fur et à mesure que le soleil s'approche du zénith. "Pour être à l'aise, il faut venir tôt", nous dit le gérant d'un des nombreux parkings de la plage où les places se font de plus en plus rares. On arrive des quatre coins de la Kabylie. De Boumerdès, d'Alger, de Bouira et de Blida aussi, comme l'indiquent les plaques d'immatriculation des véhicules. Certains rebroussent chemin pour aller à la recherche d'une plage moins encombrée, mais peine perdue. Dans la station balnéaire de Tigzirt, 35 km au nord de Tizi Ouzou, ce sont toutes les plages qui sont prises d'assaut. La grande plage, comme la plage Feraoun ou Zegzou, sont littéralement envahies par les estivants. Nombreux ceux qui se rabattent même sur les petites plages rocheuses et non surveillées comme Abechar, Rvedh et Iguer Guizem, situées entre Tigzirt et Azeffoun. A Azeffoun, à une quarantaine de kilomètres à l'est de Tigzirt, la situation n'en diffère pas. Sur la plage du Carroubier comme au Petit-Paradis, plus un moindre coin inoccupé. La ville des artistes aussi est à l'heure du grand rush aoûtien. La circulation automobile devient infernale, notamment sur le front de mer et à l'entrée des plages. Des atouts touristiques et une paix revenue "Le littoral de Tizi Ouzou a ses indéniables atouts et, cette année, aucun fait sécuritaire, aucun attentant, n'est venue perturber la saison estivale", fera remarquer Moh Azouz, responsable de l'Office du tourisme de Tigzirt. Une présence renforcée des services de sécurité est tout de même visible partout jusqu'à des heures tardives. "C'est plutôt pour dissuader et prévenir", nous explique un membre des services de sécurité. "Des femmes déambulent même de nuit et descendent jusqu'au port et à la plage", nous dit Moh Azouz ajoutant : "Même la RN24 est devenue fréquentable de nuit !" Seuls alors les atouts de ces régions sont intégrés dans l'équation. L'îlot vers lequel la desserte par barques est assurée à raison de 250 DA la place, l'attrayante esplanade du port, les ruines romaines accessibles à 20 DA, la basilique chrétienne, le mausolée de Taksebt et la très spécifique plage de Tamdha Ouguemoun ne manquent pas de rajouter du charme à l'antique Iomnium. La réouverture de la RN24 fait aussi de Tigzirt une station balnéaire si proche de Boumerdès et d'Alger. Par ailleurs, l'antique Port-Gueydon a aussi ses charmes et sites naturels envoûtants, ses vastes plages, son port de pêche et de plaisance, ses vestiges romains, sa sérénité et surtout l'hospitalité de ses habitants pour attirer tous ces milliers d'estivants d'un jour ou d'un séjour. Affluence record, capacités d'accueil limitées "Durant le mois de juillet déjà, bien que c'était le Ramadhan, rien que Tigzirt a enregistré une fréquentation diurne de 535 000 estivants et une fréquentation nocturne de 804 500. Ce qui est inhabituel", dira Moh Azouz qui table sur un chiffre de 3,5 millions d'estivants pour toute la saison. Une telle affluence invite désormais à la réflexion sur les capacités de cette coquette ville à accueillir tous ces milliers d'estivants. "Les infrastructures d'accueil à Tigzirt sont insuffisantes", dit-il expliquant que le parc hôtelier n'est que de 10 hôtels pour tout le littoral, 4 à Tigzirt et 6 autres à Azeffoun, auxquels s'ajoutent 3 auberges dont 2 à Azeffoun et un nouveau camp de vacances privé de 480 places. "Pourtant à longueur d'année, les autorités ne cesse de promettre de développer le tourisme dans cette région", déplore un élu local. Pour le responsable de l'Office du tourisme, les deux aspects les plus urgents à prendre en charge sont les infrastructures d'accueil et les parkings. La location chez l'habitant en guise de palliatif Faute d'infrastructures, de plus en plus d'estivants se rabattent sur la location chez l'habitant. "Environ 40% du parc logement de la ville de Tigzirt est concerné par cette formule", révèle Moh Azouz. Les prix ? Ils varient entre 5 000 et 9 000 DA la nuitée, "en fonction de sa situation et aussi s'il est équipé ou non", explique Boualem, un citoyen de la région. "Les prix étaient en moyenne de 60 000 DA pour 3 semaines, ils ont doublé, voir triplé", explique, Mustapha, un propriétaire. "Au même prix d'une nuitée à l'hôtel, je préfère louer un F3 et c'est toute ma famille qui en profite", considère un locataire à Tigzirt. Propriétaires et locataires trouvent en tout cas leur compte dans cette formule. Le premier s'assure des rentes supplémentaires, le second garantit un logement pour des vacances en famille. Le Trésor public et la municipalité ne tirent, bien entendu, aucun profit de cette pratique. Contrairement à Azeffoun où les plages sont données en concession, à Tigzirt, la municipalité a renoncé même à la gestion de ces plages où des jeunes exploitent, d'une manière informelle, les parkings et inondent les plages de parasols depuis les premières heures de la matinée empêchant ainsi les estivants de planter leurs propres parasols puis les contraignant à débourser 300 DA pour un parasol et 1000 DA si on rajoute une table et des chaises. 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