La crainte est que le réseau fasse appel aux milices islamistes qui occupent le sud de la Libye ou que des terroristes s'infiltrent dans les groupes de Syriens. Les éléments de la gendarmerie de Oued Souf ont réussi, avant-hier, à déjouer un plan de passeurs qui s'apprêtaient à acheminer des Syriens vers la frontière libyenne. Selon des sources, il s'agit de Syriens nouvellement arrivés en Algérie et qui n'ont rien à voir avec les réfugiés. Ceux-ci, selon nos informations, sont arrivés par avion en provenance de plusieurs pays du Moyen-Orient et de Turquie. Arrivés par vagues à Alger, ces Syriens se sont regroupés ensuite du côté de Oued Souf. Ils étaient près de 160 personnes à atterrir d'un seul coup dans cette wilaya. Une présence massive qui a attiré l'attention des gendarmes. Cela d'autant qu'ils étaient tous hébergés dans les hôtels de la ville. Autrement dit, ils disposaient de suffisamment d'argent pour se prendre en charge. La gendarmerie mène des investigations pour connaître leur provenance, les motifs de leur présence et éventuellement leur destination. Les différents contrôles et vérifications opérés lors de barrages et par les patrouilles sur le réseau routier ont permis d'intercepter trois bus transportant 160 Syriens, dont une vingtaine d'enfants. Il s'est avéré après contrôle qu'ils étaient tous Syriens, avaient de grandes sommes en dollars et en euro sur eux, et dans leurs bagages, les gendarmes font une surprenante trouvaille : des gilets de sauvetage. Du matériel utilisé pour ceux qui prennent la mer, pas le désert. Ils y découvrent aussi du matériel électronique dont des GPS. Outre les passagers syriens qui ont été remis aux autorités, les gendarmes, selon notre source, ont arrêté six personnes, trois chauffeurs et trois convoyeurs. Il s'est avéré après enquête qu'il s'agit d'un réseau transnational de passeurs. Leur mission est de transporter les ressortissants syriens d'El-Oued jusqu'à la limite frontalière avec la Libye dans la wilaya d'Illizi. Mais la tête du réseau et le propriétaire des bus demeurent en fuite. Ils sont recherchés. Mais se pose alors la question : pourquoi faire un détour par l'Algérie pour aller en Libye ? Le choix se porte sur l'Algérie pour les candidats syriens à la traversée de la Méditerranée parce qu'ils ne peuvent se rendre en Tunisie en raison de l'obligation de visa, selon notre source. Et comme ils disposent de moyens financiers, ils peuvent se permettre de payer les passages clandestinement. Les premiers éléments de l'enquête ont révélé l'existence de prolongements du réseau à l'étranger. En plus des passeurs algériens, il y aurait des organisateurs de voyages au Moyen-Orient, un autre groupe se charge de l'accueil et du passage à Illizi. Une fois en Libye, un autre groupe prend le relais, les transporte et les escorte jusqu'au littoral libyen d'où ils embarquent, avec un dernier groupe qui opère dans les eaux libyennes, pour Lampedusa (Italie). Enfin, on soupçonne l'existence d'une filière sud-européenne qui s'occupe des nouveaux arrivants. La crainte est que le réseau fasse appel aux milices islamistes qui occupent le sud de la Libye ou que des terroristes s'infiltrent dans les groupes de "réfugiés". La même crainte est nourrie au sujet de l'identité du dernier groupe qui pourrait être la façade d'une cellule dormante d'al-Qaïda. Les gendarmes sont instruits pour approfondir l'enquête et l'étendre aux autres wilayas pour voir s'il n'y a pas eu d'autres voyages et regroupements de Syriens. Cela dit, les enquêteurs ont réussi à couper un maillon du réseau et déjouer son plan. L'enquête se poursuit. D. B. Nom Adresse email