La contrebande de carburants aux frontières est en train de prendre de l'ampleur. La quantité globale de stupéfiants saisis par l'ensemble des services de douane au cours de l'année 2004 s'élève à 3 815 kilogrammes constituée essentiellement de kif, espèce dérivée du cannabis soit 57,55% d'accroissement par rapport à l'année 2003. C'est ce que relève la revue des douanes consacrée à la lutte contre la contrebande. Le phénomène, souligne-t-on, “est d'autant plus inquiétant qu'il risque de s'aggraver encore en l'an 2005, notamment en l'absence de brigades de chiens canines au niveau des contrôles routiers et postes frontaliers”. Concernant les stupéfiants, nous dit-on, l'analyse des statistiques des dernières années montre une évolution constante des saisies. Cette situation, souligne la revue, est favorisée par l'étendue des frontières, par l'insuffisance des moyens matériels de détection, le redéploiement des filières vers l'Afrique et par la production de plus en plus importante de drogues au Maroc, premier producteur de cannabis dans le monde selon une enquête récente menée par l'office des Nations unies contre la drogue et le crime. Une bonne partie de la drogue, en provenance du Maroc et destinée à l'Europe et les pays du Moyen-Orient, transite par les territoires algérien, tunisien et libyen. “La connexion, qui existe entre les réseaux, montre la mainmise réelle des trafiquants sur le marché de la drogue”, soutient-on. La revue cite les nomades algériens installés le long des frontières “faisant de leur activité de transhumance une couverture leur permettant de s'adonner au trafic de drogues. Des liens de parenté existent entre algériens et marocains frontaliers lesquels s'entraident pour le passage de la drogue”. Beaucoup de repris de justice jadis impliqués dans des affaires de drogue font aussi partie des groupes de contrevenants. Ce type de trafic (drogue), explique-t-on, “est très actif dans la zone frontalière de Maghnia comme point de pénétration et se prolonge à l'intérieur du pays, englobant les wilayas de Naâma, El-Bayadh, Saïda, Ghardaïa, Ouargla, Illizi et El-Oued par l'intermédiaire de divers réseaux clandestins d'entreposage, de conditionnement, de redistribution et d'exportation”. Les circuits d'acheminement et les relais de transactions des drogues et des stupéfiants dévoilent des moyens importants dont disposent les contrebandiers pour faire transporter leur marchandise à travers la bande frontalière d'El-Aricha (Tlemcen) et El-Kasdir (Naâma) et l'acheminer, par le sud du pays vers la Tunisie et la Libye, en traversant Ouargla, El-Oued et Deb Deb (In Amenas). Les quantités de psychotropes saisies aux ports et aéroports sont généralement convoyées par une catégorie de jeunes passeurs habitués à de fréquents voyages à l'étranger, notamment à destination de l'Europe. La nouvelle tendance de ce courant de fraude, précise-t-on, “consiste à l'envoi de matières psychotropes par le biais de colis postaux et par fret maritime et aérien. Ce mode opératoire utilisé demeure le canal d'acheminement le plus utilisé”. Concernant le carburant, la revue de la douane souligne que “certaines familles habitant la frontière ouest possèdent trois à quatre véhicules et même parfois plus utilisés pour le trafic de ce produit”. La revue explique que l'arrêté de wilaya de Tlemcen rationnant la distribution du carburant, pris en septembre 2001, a eu pour effet une diminution sensible de la fraude. “Cependant depuis la suppression, en juillet 2002 de cette mesure, il a été constaté que les quantités de carburants livrées au profits de ces stations dépassent les besoins nécessaires à la consommation des populations concernées”, regrette-on. M. R.