Pour avoir failli à la discipline gouvernementale en assistant à l'université d'été du Front du Changement d'Abdelmadjid Menasra, Abdelaziz Belkhadem a été limogé comme un malpropre, à en juger par les termes du communiqué cinglant, rendu public hier. Mais cet écart suffit-il à justifier une telle sanction à l'endroit d'un pilier du régime, fidèle au président et élément incontournable du courant islamo-conservateur du FLN ? Ce serait un argument aussi fragile que le régime qui étale au grand jour sa peur d'une opposition qui, pourtant, n'a pas encore tous ses points d'ancrage. Selon des observateurs, deux versions restent plausibles : soit, aussitôt mis au courant de la participation de son ministre d'Etat à cette rencontre partisane, le président a décidé, dans un accès de colère, de mettre fin aux fonctions de son conseiller spécial, ce qui est de ses prérogatives. Mais pousser la rancune jusqu'à demander son exclusion du FLN dont il est membre élu du Comité central relève d'une mise à mort. Si l'on s'en tient à la seconde lecture, plus politique, le président a tenu, par ce geste, à couper l'herbe, une fois pour toutes, sous le pied à cet ambitieux encombrant. Déjà que la nomination de Belkhadem comme ministre d'Etat, sans portefeuille, était considérée comme une neutralisation. Une sorte de cage dorée qui réduisait ses mouvements et son champ d'action à la seule obéissance au chef. D'ailleurs, depuis sa nomination dans le gouvernement Sellal, le ministre d'Etat et conseiller spécial à la présidence ne s'était vu confier aucune mission, même celle strictement protocolaire. Belkhadem a dû comprendre le jeu du Président consistant à le garder à ses côtés pour mieux l'avoir à l'œil. C'est pourquoi il a commencé à faire agir ses réseaux pour se placer sur la liste des potentiels successeurs à la magistrature suprême, signant ainsi son arrêt de mort. Mais la partie était perdue d'avance et c'est Belkhadem, lui-même, qui a offert le couteau à son égorgeur. O. A. [email protected] Nom Adresse email