Les tiraillements entre les trois membres de l'Alliance présidentielle, le RND, le FLN et le MSP en l'occurrence, semblent avoir atteint le point de non-retour. La demande de départ du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, faite explicitement par Bouguerra Soltani et implicitement par Abdelaziz Belkhadem lors de leurs récentes sorties médiatiques, aura sonné le glas de ce « mariage de raison », qui, aux yeux de certains observateurs, n'a que trop duré. Les prémices de l'éclatement de cette coalition se faisaient sentir depuis des mois. Le duo Belkhadem-Soltani n'a raté presque aucune occasion de tirer sur le chef du gouvernement et ses ministres, auxquels il impute les « retards » accusés dans la réalisation du programme du président Bouteflika. Programme pour lequel, pourtant, se sont « unis » ces partis de la coalition gouvernementale. Ahmed Ouyahia, également secrétaire général du RND, a peu réagi à ces attaques. Mais cela n'a aucunement contribué à calmer les choses. La double opposition de M. Ouyahia, à la fois en tant que chef du gouvernement et SG du RND, à la révision constitutionnelle proposée par Abdelaziz Belkhadem et son parti a aggravé la « crise ». Belkhadem s'est ainsi allié avec Bouguerra Soltani, créant ensemble une autre coalition au sein même de l'Alliance présidentielle. L'objectif : « faire tomber » le gouvernement Ouyahia pour prendre les commandes afin de réaliser leurs projets. Cette « autre coalition » incarne le courant islamo-conservateur auquel s'est joint, dernièrement, Abdallah Djaballah, président du MRN. Ces trois formations n'ont, d'ailleurs, pas caché leur ambition. M. Belkhadem n'a nullement cessé de répéter que le FLN restera la première et la seule « force politique » en Algérie à la faveur des prochaines échéances électorales. Le MSP, quant à lui, ambitionne de récupérer le champ politique qu'il a perdu après la mort de son « père spirituel », Mahfoud Nahnah. Abdallah Djaballah, dont le parti vit une crise interne, cherche un repositionnement et, pourquoi pas, des portefeuilles ministériels dans un « nouveau gouvernement », tant rêvé par le duo Belkhadem-Soltani. Cette volonté de M. Belkhadem et ses soutiens d'accéder au pouvoir et de présider aux destinées de l'Algérie a été clairement affichée par les amendements faits à la Constitution. Si, lors de sa conférence de presse à Alger, le 15 mai dernier, il avait soutenu qu'il n'était pas « convenable » de divulguer les amendements que le FLN propose pour la Constitution avant de remettre le rapport au président Bouteflika, M. Belkhadem a, néanmoins, donné les grandes lignes de cette révision. Ainsi et en plus de ramener le mandat présidentiel à sept ans, au lieu de cinq ans, il délimite le nombre de mandats présidentiels à trois, au lieu de deux. Dans le même sillage, il est proposé de faire du régime algérien un régime présidentiel, où il y aura un vice-président qui sera désigné par le Président. Le champ d'action et les prérogatives du vice-président seront définis par le Président. A bien étudier ces amendements, l'on pourrait déduire que le but recherché serait d'avoir, en plus du Président, un vice-président FLN. M. Belkhadem a déjà affiché son ambition de prendre un tel poste. Il reste, maintenant, de voir si le chef de l'Etat, qui est de surcroît président d'honneur du FLN, va exaucer le vœu cher à Belkhadem en changeant le gouvernement, mais aussi en acceptant la proposition de son parti qui lui sera soumise en juin.