Résumé : Ihssane ne traîne pas. Elle se rend au rendez-vous fixé par la psy. Celle-ci a réussi à voir son dossier d'admission au centre. Elle lui donne le nom de la sage-femme qui s'est occupée de sa mère. Le nom en mémoire, elle se rend à la maternité où elle est née. La réceptionniste lui apprend qu'elle est hospitalisée et en fin de vie... Ihssane se rend au service où est hospitalisée hadja Meriem. Elle se présente au bureau des infirmières et en trouve deux en train de préparer les traitements des malades. Elle les salue et demande où se trouve hadja Meriem. L'une d'elles l'accompagne dans le couloir. - La troisième chambre à droite ! Ihssane la remercie. Elle marche d'un pas pressé mais, une fois devant la porte fermée, elle n'ose pas frapper et entrer. Elle entend des bruits de conversation. Elle inspire profondément, comme si elle allait plonger ; retenant son souffle, elle se demande ce qu'elle dira une fois derrière cette porte, en présence de cette femme qui avait aidé sa mère à accoucher. Doit-elle s'en tenir à son mensonge pour l'approcher ? Est-elle en état de parler ? A-t-elle encore toute sa mémoire ? Devra-t-elle se fier à ce qu'elle lui apprendra ? Une personne proche de la mort ne ment pas. Au contraire, elle voudra soulager sa conscience. La jeune fille frappe doucement, et c'est un homme qui lui ouvre. - Bonjour, dit-elle en entrant. Je suis venue voir hadja Meriem ! - Bienvenue ! C'est gentil... Une femme d'âge mûr tient la main de la malade. Elle la caresse, parfois la baise. - Yé, tu as encore de la visite ! C'est une belle jeune fille, lui dit-elle. Tu es gâtée, chaque jour, tu reçois du monde de partout ! Quand Ihssane croise son regard si triste, si résigné, elle voit des larmes contenues. La dame retient ses larmes avec courage. - Approche-toi ! Ihssane obéit. Hadja Meriem a les traits marqués par la fatigue. Elle n'a plus que la peau sur les os. Quand elle ouvre ses yeux rentrés dans leurs orbites, Ihssane les découvre d'un bleu qui lui rappelle le ciel d'été. Ils la scrutent de la tête aux pieds. Elle en déduit que la maladie n'a pas eu raison de son esprit. - Bonjour hadja, ça va ? - Oui... Je suis entre les mains d'Allah, répond-elle. Qui es-tu ? Je ne te connais pas. Il ne me semble pas t'avoir déjà vue ! Qui sont tes parents ? - Non, en effet, on ne se connaît pas, confirme Ihssane. Je regrette de vous découvrir malade. Incha Allah vous récupérerez vite ! - Incha Allah ma fille ! Une visite à un malade fait toujours plaisir, mais je voudrais savoir ce que tu fais ici ! Ce n'est pas un endroit pour une fille de ton âge ! Est-ce que quelqu'un t'envoie ? - Je ne suis pas si jeune que ça, répond-elle. Et puis, dans la vie, on sera toujours confronté à la maladie ! - Explique-moi la raison de ta présence ici ! Quelqu'un t'envoie ? - Oui et non... En fait, je... Ihssane se tait en la voyant fermer les yeux puis tourner la tête. - Je suis sa fille, Karima... - Enchantée. Je crois que je l'ai épuisée, dit la jeune fille. - La maladie, rectifie Karima. De quoi veux-tu lui parler ? Qui t'envoie ? Tu peux me parler en toute confiance ! Ihssane soupire de déception, sachant qu'elle ne trouvera pas de réponse à ses questions. - C'est compliqué, dit-elle. Il n'y a qu'elle qui peut m'aider ! - Quelqu'un a besoin de ses services ? Va lui dire qu'elle n'est plus en état d'aider qui que ce soit !, murmure Karima avant de s'écrier. Dis-moi, tu es enceinte ? Tu cherches à te faire avorter ? - Non ! La dame ne cache pas son soulagement. - Ma mère n'est plus en état d'aider qui que ce soit, dit-elle. Qu'Allah lui pardonne d'avoir aidé les malheureuses qui ont eu besoin d'elle pour se débarrasser de leur grossesse au péril de leur vie ! Mais si tu n'as pas besoin de ses conseils, qu'attends-tu d'elle ? - Elle peut m'aider à retrouver ma mère ! Ma mère m'a abandonné à ma naissance... (À suivre) A. K. Nom Adresse email