Résumé : Nadia retourne à Alger après avoir recommandé à Karima d'être forte pour sa fille. Toute sa famille lui reproche de leur avoir caché sa maladie. Aïda garde le lit plusieurs jours. Son père, qui craint de la voir déprimer, lui cherche du travail à l'hôpital où un poste s'est libéré. Un jour, les parents de Boualem leur rendent visite. Elle est déçue qu'ils ne retirent pas leur demande après avoir appris sa maladie... - Ma fille, je suis très touchée par ce qui t'arrive... Sache que nous ne revenons pas sur notre projet d'alliance, précise Fatima, la mère de Boualem. Mon fils se dit prêt à tout partager avec toi... Même si vous ne vous connaissez pas, il tient à toi ! Aïda n'en revient pas. Elle soupire d'agacement. Il ne suffit pas d'avoir une maladie grave pour se débarrasser de lui. Elle se laisse aller contre son coussin, épuisée. Des larmes coulent de ses yeux fermés. - Je ne pense pas à me marier, répond-elle sans oser la regarder. Tant qu'il y aura un risque... - Non, ne t'en fais pas, la rassure Fatima. Mon fils est médecin, lui rappelle-t-elle. Il saura prendre soin de toi... La jeune fille se demande comment il peut tenir à ce mariage arrangé, alors qu'il est passé par la faculté. Il devrait être ouvert et vouloir la connaître avant de se marier avec elle. Comment peut-il savoir qu'elle est la femme de sa vie sans même l'avoir approchée et avoir discuté avec elle ? - C'est nous qui lui avons parlé de toi, dit Fatima comme si elle lisait en elle. Il a eu deux ou trois relations, et cela a mal fini à chaque fois... Je crois qu'il ne veut pas renouveler l'expérience et tient à vous découvrir après le mariage... - Maman... - Boualem voudrait ton dossier médical afin de contacter le professeur qui te suit ! Ses connaissances en médecine lui permettront de te soigner au mieux, poursuit Fatima. Ce n'est pas une petite maladie qui le fera renoncer à toi... - Une tumeur bénigne peut vite devenir maligne, rectifie Aïda en se redressant. Pourquoi faire sa vie avec une femme qui est déjà condamnée ? - Incha Allah que tous ces soucis de santé font partie du passé, insiste Fatima avant de s'adresser à Karima : Fais entendre raison à ta fille ! Mon fils ne l'abandonnera jamais ! Nous avons conscience de tout ce qui peut arriver ! Mais Incha Allah, ikoun gheir el kheir... - Incha Allah ! Retournons au salon, l'invite Karima. Le thé doit être froid... Elles redescendent, laissant la jeune fille furieuse. Elle se demande jusqu'à quand ils s'accrocheront à elle comme si elle était l'unique femme sur terre. Elle quitte son lit et va à la fenêtre respirer profondément l'air frais. Elle scrute l'horizon que les bruits de la ville ne parviennent pas à troubler. Elle voudrait retrouver son calme et elle le puise dans le ciel bleu où les oiseaux volent. Elle aurait voulu être comme eux, libre de partir, de s'envoler sous d'autres cieux. Elle voudrait rejoindre Smaïl, mais là où il est, à la caserne, il n'y a pas de place pour elle. Aïda attend le départ des parents de Boualem pour sortir de sa chambre. Le téléphone a sonné et, espérant un coup de fil de Nadia, elle se rend au salon. Sa mère a déjà décroché. Elle la voit dire des “oui, oui..." puis pousser un cri de joie après avoir raccroché. - Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui peut te réjouir ? Karima se tourne vers elle, la joie illumine son visage. - Ils viennent d'appeler de l'hôpital et tu commences demain ! - C'est vrai ? - Et comment ! La jeune fille retrouve son sourire et soupire avant de se laisser choir dans un fauteuil. - Enfin, une bonne nouvelle ! dit-elle avant de lui confier. Je croyais qu'ils ne partiraient plus... Pourquoi vous vous acharnez ? Pourquoi vouloir me marier quand vous savez tous que mon avenir est incertain ? Karima s'est assise près d'elle et tente de la réconforter. - Comment ça incertain ? La chance est de ton côté hamdoullah, lui dit-elle. Tu es guérie, et en plus d'avoir un médecin comme futur mari, tu viens de te trouver du travail ! N'est-ce pas merveilleux ? Aïda pleure et ne se cache pas. Elle ne partage pas son avis et sa joie. Que faire pour se faire entendre et la convaincre que tout est faussé et fichu d'avance ? (À suivre) A. K.