Même s'ils encourent des peines de prison, une quarantaine d'officiers et soldats de réserve de la plus prestigieuse unité de renseignement militaire israélien ont décidé de ne plus servir. Dans une lettre publiée hier dans le quotidien israélien à grand tirage Yediot Aharonot, les soldats, hommes et femmes, refusent désormais de participer aux "abus" commis, selon eux, contre les Palestiniens. Réservistes, les 43 soldats peuvent y être rappelés à tout moment. Il s'agit de l'une des plus importantes expressions d'objection de conscience enregistrées depuis longtemps au sein de l'armée israélienne. Les 43 soldats signataires ont servi dans l'unité 8200, qui constitue le service de renseignement militaire israélien le plus honoré, souligne le journal. La même source ajoute que l'unité 8200, qui est souvent comparée à la NSA (National security agency) américaine, est spécialisée dans la cyberdéfense. Ceci étant, ces soldats, dont le nom n'est pas divulgué par le journal, affirment dans leur lettre envoyée au Premier ministre et au chef d'état-major, qu'ils ne veulent plus "continuer à servir ce système qui porte atteinte aux droits de millions de personnes". Dans leur écrit, les 43 soldats évoquent leur rôle capital dans les opérations d'éliminations ciblées pratiquées par l'armée. Une femme parle de l'erreur d'identification qu'elle a commise et qui a conduit selon elle à la mort d'un enfant. D'autres s'émeuvent d'avoir à écouter les conversations les plus intimes de Palestiniens. "Nous appelons tous les soldats qui servent actuellement dans cette unité ou qui vont y servir, tous les citoyens d'Israël à faire entendre leurs voix contre ces abus et agir pour y mettre un terme", ont-ils souligné dans leur lettre. Aucun témoignage de ces "refuzniks" (terme désignant des Israéliens refusant de servir) n'est lié à la guerre menée en juillet et août dans la bande de Gaza. A signaler que les 43 objecteurs de conscience encourent des peines de prison. Il y a lieu de rappeler qu'en 2008, des militants pacifistes en Israël et ailleurs dans le monde ont participé à une journée d'action pour demander aux autorités israéliennes de libérer des jeunes gens incarcérés pour avoir refusé de servir dans l'armée pour des raisons de conscience. En effet, les jeunes israéliens qui refusent d'effectuer leur service militaire parce qu'ils ne veulent pas se retrouver dans une situation où ils pourraient permettre que des violations des droits humains se produisent, ou participer à de tels actes, sont généralement envoyés en prison pendant plusieurs mois. Il n'existe pas en Israël de service civil de remplacement. Il y a, certes, une "commission d'objection de conscience" au sein de l'armée, mais l'exemption n'est généralement accordée qu'à celles et ceux qui refusent de faire leur service pour des raisons religieuses. Nom Adresse email