Poursuivant sa tournée dans le Moyen-Orient, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, est arrivé hier au Caire pour des discussions, ayant pour objectif la mise en place d'une coalition internationale pour lutter contre les terroristes de l'Etat islamique, en Irak et en Syrie. Au programme de cette "halte" cairote aux résultats incertains pour John Kerry, figurent des entretiens avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ainsi que le chef et la Ligue arabe Nabil al-Arabi, indique un communiqué du département d'Etat. Il sera notamment question d'obtenir que "les institutions religieuses se prononcent contre l'EI, et en parlent dans leurs sermons du vendredi", a expliqué aux journalistes un responsable américain voyageant avec John Kerry. Auparavant, le secrétaire d'Etat américain, qui a visité Amman, Bagdad et Riyad, a bien tenté de convaincre une dizaine de pays arabes ayant pris part, à la conférence de Djeddah, de la nécessité d'adhérer à cette alliance de pays européens et arabes. Mais, mis à part les pays du Golfe, qui lui ont apporté leur soutien sans faille, ce projet n'avait pas récoté le succès escompté auprès de la Turquie. Ankara, a montré des réticences à participer activement aux opérations armées. L'Egypte a également exclu la participation de son pays à une action militaire dans le cadre de la coalition internationale. Son ministre des Affaires étrangères a fait savoir que "chaque pays luttera contre le terrorisme selon ses moyens". Pour sa part, la Jordanie dira refuser de mener une guerre par procuration au profit des Etats-Unis. Cela ne reflète pas, pour autant, l'appel de la Ligue arabe, lancé par la voix de son chef, à faire face "militairement et politiquement" à l'EI, à ses membres ayant exprimé de vives préoccupations quant aux incidences du retour au pays natal, de leurs ressortissants partis combattre en Syrie, sous la bannière de l'Etat islamique. A l'évidence, le projet de lutte contre l'EI, qui prend des proportions d'une troisième guerre du Golfe, n'est pas sans susciter des craintes légitimes de la Syrie, qui en est exclue, au même titre que l'Iran. Damas a, en ce sens, prévenu qu'il considérerait comme une agression toute opération à laquelle il ne sera pas associé. Ces craintes sont justifiées par le fait que la décision d'Obama de lancer les drones dans son ciel ne viserait pas uniquement les terroristes de l'EI. Les sites sensibles civils ou militaires ne seront désormais plus à l'abri des "yeux et oreilles" de l'armée américaine, qui jalonneront en permanence le ciel syrien. Le sujet des frappes aériennes en Syrie, où l'Etat islamique contrôle environ 25% du pays, tout autant, embarrasse Londres et Paris, contrairement à Washington qui, avait estimé que pour venir à bout de l'EI, il fallait aussi l'attaquer en Syrie. Si la Grande-Bretagne a laissé transparaître sa gêne devant cette éventualité comme en témoigne le cafouillage de déclarations de ses responsables, la France, elle, veut y mettre les formes. Mais une résolution de l'ONU semble très improbable, au vu de l'opposition de Moscou et Pékin, à toute action militaire en Syrie sans l'aval du président syrien Bachar al-Assad. L'Iran, qui soutient également cette position, a accusé Washington de chercher à "violer la souveraineté des Etats, sous prétexte de lutter contre le terrorisme". Cette "guerre" contre l'EI, va de pair aussi, avec la conférence internationale sur l'Irak qui se tient à Paris à l'initiative de la France, mais à laquelle l'Iran n'a pas été invitée. Nom Adresse email