Les pourparlers engagés par les pouvoirs publics avec les représentants des gardes communaux n'ont pas atténué la colère de ces hommes. Au nombre de 94 000 éléments recrutés durant la décennie noire pour "sauver la République", ils se retrouvent, quelques années après "le retour de la paix", sur le carreau. Hier, ils étaient des dizaines à faire le déplacement jusqu'à Alger pour tenir un sit-in, à proximité de la Grande-Poste, et dénoncer "le mépris de l'Etat" à leur égard. Malgré la forte présence policière, ils ont dit leur mot. "Ils ont fait appel à nous lorsque le pays était à feu et à sang, et maintenant, ils nous jettent comme de vieilles chaussettes", a dénoncé un élément venu de Souk-Ahras. Avec lui, d'autres, qui ont intégré ce corps depuis plusieurs années, sont venus de Tizi Ouzou, Khenchela, Bordj Bou-Arréridj, Tindouf, El-Tarf, Béchar, El-Bayadh, Béjaïa et Bouira pour dénoncer ce qu'ils ont appelé "le dialogue à blanc" entre les membres de la Coordination nationale des gardes communaux et les pouvoirs publics. À l'issue de ce dialogue en mars dernier, ce groupe avait décidé de se retirer de la Coordination et de créer le Mouvement des gardes communaux libres (MGCL). Ce mouvement a tenu, au début de cette semaine, un sit-in à Bouira. "Il faut revoir l'augmentation dans la pension de retraite accordée à environ 65 000 gardes communaux", revendique Lahlou Alliouat, pour qui cette pension "est une humiliation pour des hommes qui ont fait face à la barbarie terroriste". Munis de quelques pancartes, ces gardes communaux ont rappelé leur sacrifice pour le pays. "Nous avons 4 668 éléments qui ont été assassinés par les hordes terroristes", rappellent-ils, pour dire "l'énorme sacrifice" consenti par ces hommes dans la lutte contre le terrorisme islamiste. "Nous voulons que les pouvoirs publics reconnaissent notre sacrifice pour le pays", ont-ils scandé. Pour un autre élément venu, quant à lui, de Béjaïa, "la Coordination présidée par Hakim Chouaïeb n'est pas représentative". "Nous réaffirmons notre retrait de confiance à ces responsables qui ont divisé notre mouvement pour des intérêts étroits", ont dénoncé d'autres éléments. Les griefs retenus par les gardes communaux contre les pouvoirs publics ne se résument pas "à la manipulation", "au mensonge" lors du dialogue. Ils ont aussi dénoncé "le mépris" envers ces hommes. "On se demande comment Madani Mezrag, architecte de la mort, est reçu comme personnalité nationale lors des consultations sur la Constitution et que les gardes communaux sont considérés des moins que rien ?", s'est interrogé Lahlou Alliouat qui menace de faire barrage à la future Constitution, du fait, a-t-il précisé, que des chefs terroristes ont participé à son élaboration. Les revendications des gardes communaux ne se résument pas uniquement à la revalorisation des indemnités reçues. Ils exigent la réintégration "sans préalable" des 35 000 éléments radiés "arbitrairement". Ils demandent aussi l'application du statut de militaire à ceux ayant rejoint les rangs de l'Armée. Nom Adresse email