En début de soirée, le groupe terroriste se réclamant de l'EIIL a revendiqué l'enlèvement, dans une vidéo mise en ligne, et menace d'exécuter l'otage si la France n'arrête pas ses frappes contre ces djihadistes. Hasard du calendrier ou concours de circonstances : c'est au lendemain de la réunion du Conseil de sécurité algérien, sous la présidence de Bouteflika et à laquelle ont pris part de hauts responsables civils et militaires consacrée à "la situation sécuritaire à nos frontières méridionales et orientales et sur les efforts que déploie l'Algérie pour faciliter l'avènement de la paix et de la stabilité au Mali et en Libye", selon un communiqué officiel, qu'un ressortissant français est enlevé sur les hauteurs de Tikjda, en Kabylie. Pierre Hervé Gourdel, un touriste de 55 ans, guide de montagne, qui a passé la nuit du samedi à dimanche au chalet le Kef à Tikjda, un établissement dépendant du ministère de la Jeunesse et des Sports et qui sert d'ordinaire de lieu de regroupement pour les athlètes de la Fédération de ski, a été kidnappé en compagnie d'un groupe d'Algériens par un groupe terroriste alors qu'ils effectuaient une randonnée pédestre sur la RN33 reliant Tikjda à Aït Ouacif, selon des sources sécuritaires locales. "Des individus ont intercepté hier (dimanche soir, ndlr) le 21 septembre 2014 à 21h à hauteur du village d'Aït Ouabane, commune d'Akbil (wilaya de Tizi Ouzou), un véhicule ayant à son bord un groupe d'Algériens accompagnés du ressortissant français, Gourdel Hervé Pierre", a confirmé, hier, en soirée, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Le ressortissant français, âgé de 55 ans et guide alpiniste, "est invité et hébergé depuis son arrivée à l'aéroport international d'Alger, le 20 septembre 2014, dans un chalet proche du complexe de Tikjda (wilaya de Bouira)", a précisé le ministère dans un communiqué rendu public. "Les assaillants, après avoir libéré ses compagnons algériens et abandonné le véhicule sur les lieux, ont gardé le ressortissant français et pris la fuite vers une direction inconnue", a ajouté la même source qui affirme que les recherches aussitôt engagées par les services de sécurité "sont toujours en cours à l'heure actuelle". Aucune précision n'est fournie, cependant, sur le nombre des ravisseurs. À Paris, le Quai d'Orsay, via son porte-parole adjoint, a assuré que "tout est mis en œuvre pour retrouver notre compatriote". Les services de l'Etat sont mobilisés et aucune hypothèse n'est écartée. "Nous sommes en contact permanent avec les autorités algériennes, qui nous apportent leur coopération et leur plein soutien", a indiqué le ministère français des Affaires étrangères. Pour sa part, le président François Hollande s'est entretenu avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. "La coopération est totale entre la France et l'Algérie à tous les niveaux pour tenter de retrouver et de faire libérer notre compatriote. Nos services sont en contact permanent et les autorités algériennes agissent avec notre plein soutien", note un communiqué de la présidence française. Selon nos sources, un grand nombre d'éléments de l'ANP, de la gendarmerie et de la police communale ont été déployés dans la région pour retrouver les ravisseurs. Les opérations sont même supervisées par le patron de la DGSN, Abdelghani Hamel, qui s'est rendu sur les lieux et par l'état-major de l'ANP. Des moyens sophistiqués ont été utilisés pour tenter de localiser l'endroit où se seraient retranchés les ravisseurs, d'après ces sources. Alors que les spéculations allaient bon train sur l'identité des ravisseurs, un groupe djihadiste algérien, Djund Al-Khilafat, qui a fait allégeance à Daech (acronyme en arabe de l'Etat islamique en Irak et au Levant) a revendiqué l'enlèvement. Dans une vidéo, le groupe menace d'exécuter ce ressortissant français dans les 24 heures si la France n'arrêtait pas ses frappes contre l'EI en Irak. Assis entre deux individus masqués et armés de kalachnikovs, Pierre Hervé Gourdel est montré demandant au président français de le sortir de ce "mauvais pas". Cet enlèvement, qui intervient quelques jours seulement après la déclaration de John Kerry faisant état du soutien de l'Algérie à la coalition internationale contre l'EI, arrive sans aucun doute comme un cheveu sur la soupe pour les autorités algériennes qui multipliaient ces derniers temps les déclarations de leur triomphe sur le terrorisme. Jeudi soir à Washington, Ramtane Lamamra a indiqué que "l'Algérie peut être considérée parmi les rares pays qui ont effectivement défait le terrorisme". "Nous avons payé le prix fort pour cela, mais nous jouissons aujourd'hui d'un niveau très raisonnable de sécurité et de tranquillité dans notre pays. Nous sommes un pays exportateur de sécurité et de stabilité", a-t-il dit. Nom Adresse email