Hamar est un homme comblé et heureux, il vient de réussir un challenge qu'aucun président algérien n'a réussi avant lui, celui de mener son équipe à la finale de la prestigieuse Champions League africaine, qu'il disputera face au Vita Club, un autre club congolais, à la fin du mois d'octobre. Retour sur cet événement pas comme les autres. Liberté : M. Hamar, vous venez d'atteindre la finale de la Ligue des champions. Que ressentez-vous après cette brillante performance ? Hamar Hacen : De la joie et de la fierté pour mon pays et le peuple algérien. N'oubliez pas que notre football a traversé une période difficile après la mort d'Albert Ebossé. Les yeux étaient braqués sur notre pays, on est devenu la cible de tous, donc ce résultat de l'Entente est venu au bon moment pour nous mettre du baume au cœur. Ce n'était pas facile de revenir avec la qualification face à un redoutable adversaire qui a usé de tous les moyens illégaux pour nous éliminer. Apparemment, vous avez vécu l'enfer à Lubumbashi ? Plus que l'enfer ! Depuis notre arrivée là-bas, on a vu les pires choses. J'ai même failli déclarer forfait pour ce match. La tension a dépassé toutes les limites. On a été hébergé dans un hôtel en plein centre-ville, en piteux état, puis ils ont coupé le courant, ensuite ils ont ramené des centaines de leurs supporters devant l'hôtel pour perturber les joueurs. J'ai réclamé auprès du commissaire au match, il m'a dit qu'il ne peut rien faire. Je lui ai dit que je vais déclarer forfait et qu'il sera responsable de ça. Ils ont décidé par la suite d'évacuer les supporters, mais ils n'ont pas abandonné leur plan machiavélique. Mais les supporters de l'Entente en ont fait de même à Sétif, en allant perturber les Congolais devant l'hôtel ? C'est vrai ce que vous dites, mais pas avec la même ampleur. Nos supporters se sont manifestés quelques minutes puis sont repartis. Ils ont profité de cette situation pour chauffer leurs supporters par des écrits incendiaires à notre encontre parus dans la presse congolaise. Vous avez été blessé après le match, peut-on savoir de quoi il s'agit ? Cela s'est passé en fin de match. Lorsque l'arbitre avait sifflé la fin de la partie, les supporters ont envahi le terrain. Je suis rentré pour protéger mes joueurs contre une éventuelle agression. En courant, je me suis tordu le pied, ma cheville en a pris un coup, heureusement sans gravité. Avec la joie, je n'ai pas ressenti la douleur, ce n'est qu'après que je me suis rendu compte de cette blessure. Mais bon, pour l'Entente, je suis prêt à subir beaucoup plus que ça. Avant votre départ vers Lubumbashi, vous étiez très confiant. Qu'est-ce qui vous a permis de croire à fond aux chances de votre équipe ? Je l'ai dit dans ses mêmes colonnes de Liberté, que nous allons là-bas pour revenir avec la qualification. J'ai même affirmé devant 40 millions de citoyens qui sont témoins de mes propos que notre club se qualifiera. Pourquoi ? Pour la simple raison que je connais bien le football et les qualités de mon équipe. J'ai dit à Madoui, après le match à Sétif, que le TP Mazembe ne me fait pas peur, et qu'on peut le surprendre chez lui. J'avais cette confiance au fond de moi, en plus la plupart de mes joueurs sont jeunes et veulent démontrer qu'ils ont du talent et du cran, ils l'ont prouvé sur la terre congolaise. Je ne peux qu'être fier d'eux, de Madoui et tous les staffs. A quel moment du match vous avez cru à la qualification, surtout que vous étiez menés par 3 à 1 ? Dès lors que Ziaya avait ouvert la marque au début du match, j'ai su qu'on tenait la qualification. Malgré le retour des Congolais, je n'ai jamais douté de mon équipe, je savais qu'on allait réagir, car après le 3 à 1, on n'avait rien à perdre, on est out de la compétition, il fallait donc aller vers l'avant. L'incorporation de Sofiane Younès a été décisive, puisqu'il a réussi à marquer le but de la qualification. Ziaya et Younès ont été décisifs sur les deux matchs, puisqu'ils sont marqué en aller et retour. Pourtant on a beaucoup spéculé sur leur venue à Sétif... Vous me donnez l'occasion de mettre les choses au point. C'est vrai, lorsque j'ai fait venir Ziaya et Younès, des gens ici à Sétif ont critiqué mes choix. Aujourd'hui, ces mêmes personnes applaudissent les deux joueurs qui ont été percutants. Je ne ramène pas des joueurs à l'Entente pour les beaux yeux des gens, je recrute en fonction de mes besoins et de la qualité des joueurs, j'ai ce coup d'œil qui me permet de dénicher les bons joueurs, je suis fier de les avoir ramenés malgré leur âge avancé. Pourquoi avez-vous annulé la fiesta prévue hier au stade du 8-Mai-45 de Sétif ? Pour la simple raison que mes joueurs sont fatigués, il leur faut un repos bien mérité après tout ce qu'ils ont vécu, pour reprendre dès demain les entraînements afin de préparer notre prochain match, ce jeudi, face au MOB. Je ne voulais pas les déconcentrer, il reste encore du chemin à faire, il ne faut pas oublier qu'on a une finale à préparer, donc il faut se remettre très vite au travail. En parlant justement de finale, quelles sont les chances de votre club ? On va jouer face à une très bonne équipe qui a éliminé le CS Sfax chez lui. C'est un adversaire coriace qu'il faut préparer dès maintenant. J'estime que ce sera du 50/50. Nous partons à armes égales. Avez-vous décidé du lieu et de la date de la finale ? Oui. On jouera la finale retour chez nous le 1er novembre au stade Mustapha-Tchaker de Blida, qui offre toutes les commodités pour une finale. Il faut savoir que l'organisation de la finale de la Ligue des champions relève exclusivement des prérogatives de la Fédération algérienne de football, c'est elle qui s'occupe de tout, car il y aura des invités de marque qu'elle a la charge de recevoir. L'Entente a déjà joué une finale de la coupe arabe à Blida qu'elle a remportée face au WAC. J'ai reçu hier un coup de fil du président de la FAF, qui m'a félicité au nom de la famille footballistique, et m'a assuré du soutien total qu'apportera la FAF à l'ESS. Je lui suis très reconnaissant. Pourquoi avoir opté pour le 1er novembre, alors que vous pouvez jouer le lendemain, pour mieux récupérer, sachant que la finale aller aura lieu le 25 octobre au Congo ? Le 1er novembre est une date historique pour le peuple algérien. Cette année, on fêtera le 60e anniversaire du déclenchement de notre glorieuse révolution, j'ai voulu rendre un hommage particulier à nos martyrs et nos moudjahidine. Cette date nous est très chère, c'est pour cela que j'y ai opté avec toute sa signification. Je souhaite remporter le trophée en cette date du 1er novembre qui restera gravée à jamais dans notre mémoire. Je tiens à rendre hommage au président de la République, M. Bouteflika, à qui je souhaite un prompt rétablissement, je lui offrirai incha Allah le trophée. Je l'ai dit à la fin du match : qu'importe le lieu de cette finale, on jouera pour l'Algérie et tout le peuple algérien sera derrière nous, on ne le décevra pas.