Comme prévu, l'UMP et ses alliés de la droite, qui n'avaient besoin de remporter que sept sièges pour s'assurer la majorité absolue (175 sièges sur 348) au sénat, comptent désormais 188 sièges. Ainsi, la gauche au pouvoir en France a essuyé dimanche une nouvelle gifle électorale avec le retour aux mains de la droite du Sénat. Le retour à droite du Sénat, tombé pour la première fois dans l'escarcelle de la gauche en septembre 2011, était quasiment acquis depuis l'écrasante victoire de l'UMP aux municipales de mars. Les sénateurs sont, en effet, élus au suffrage indirect par un collège de grands électeurs représentant à 95% les communes. L'autre fait est que la deuxième Chambre ouvre pour la première fois ses portes au Front national. Une "victoire historique" pour le parti d'extrême droite dirigé par Marine Le Pen. La présidente du FN a salué la première "absolument historique" de l'élection de deux sénateurs issus des places fortes du parti dans le sud-est de la France, le jeune maire de Fréjus David Rachline (26 ans) et Stéphane Ravier, chef de file de l'extrême droite à Marseille. La cheffe de file du FN, que des sondages récents ont placée en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle de 2017, y a vu le signe d'une "dynamique qui s'accélère d'élection en élection". Pour le gouvernement socialiste, ce revers est le troisième de l'année après les municipales et les européennes. S'il n'a pas d'impact majeur, il constitue un mauvais signal de plus pour le président François Hollande, très impopulaire. Le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a relativisé la défaite en estimant que la gauche "résiste mieux que l'effet mécanique des résultats des municipales". En réalité, les conséquences du scrutin de dimanche seront limitées. En France, le dernier mot revient aux députés, en cas de désaccord entre les deux Chambres du Parlement. Mais la tâche du gouvernement sera simplement plus compliquée avec un Sénat de droite, qui pourrait retarder l'adoption des projets auxquels il serait hostile. Le passage du Sénat à gauche en 2011, avant l'accession de François Hollande à l'Elysée, n'a pas été au président d'un grand secours depuis le début de son mandat, car les socialistes n'y ont pas la majorité. Des projets de loi très importants, comme les textes budgétaires, y ont été rejetés par l'addition des voix communistes à celles de la droite.