C'est une lourde défaite qu'ont subie les socialistes aux municipales moins de deux ans après l'accession à l'Elysée de Hollande. Signe des temps : la gauche a perdu des mairies qu'elle contrôlait depuis plus d'un siècle ! C'est dire l'ampleur de la bérézina pour la majorité d'autant plus qu'avec la droite requinquée à ce succès la percée historique du Front national à de quoi inquiéter. Une gifle électorale magistrale. Dimanche soir, la gauche a subi une déroute au second tour des élections municipales, perdant 155 villes de plus de 9 000 habitants. Seule consolation : Paris reste à gauche, avec la victoire d'Anne Hidalgo sur Nathalie Kosciusko-Morizet. Un remaniement dès cette semaine est devenu une certitude. Reste à connaître le jour et le chef d'équipe. Jean-Marc Ayrault, encore ? Manuel Valls ? Laurent Fabius ? Ségolène Royal ? Les noms défilent, sans qu'aucun sorte du lot, même si Valls a la faveur des Francais. La droite, elle, savoure sa victoire. Réunie, elle totalise près de 45,9% des voix, contre 40,57% pour les listes de gauche. L'extrême droite n'en totalise que 6,62%, mais cette élection est une grande victoire pour elle. Le FN conquiert 11 villes – la plupart dans le Sud –, sans compter le 7e secteur de Marseille, battant ainsi son record de 1995 où il avait décroché quatre mairies. «Le Président est nu», titrait ce matin Libération (gauche) en soulignant que François Hollande, qui déteste agir sous la pression, ne pourra «pas se dérober», et «devra dévoiler ses intentions très vite». «Déroute», «gifle», «punition», «coup de pied aux fesses», «dérouillée», «désaveu»... Les termes de la presse disent l'ampleur de la catastrophe pour le chef de l'Etat, dont c'était le premier test électoral depuis son accession au pouvoir, en mai 2012. En perdant au moins 155 villes de plus de 9 000 habitants – certaines à gauche depuis plus de 100 ans – le camp socialiste abandonne à la droite son statut de premier pouvoir local conquis lors du précédent scrutin municipal en 1988. L'extrême droite, qui était quasiment absente à l'échelon local, remporte pour sa part 11 mairies de plus de 9 000 habitants, ce qui a permis à la présidente du Front National, Marine Le Pen, de saluer «une nouvelle étape» dans l'histoire de son parti. Evoqué depuis des semaines, le changement de Premier ministre, réclamé durant toute la soirée à droite mais aussi – parfois en creux – par une partie de la gauche, paraît plus que jamais inéluctable. Selon de nombreux éditorialistes, en toute logique cet échec devrait sceller le sort du Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui a conduit la politique de la France depuis près de deux ans ; «Sa reconduction, après cette gifle, ne pourrait apparaître que comme une surdité au message des électeurs», juge Jean-Marcel Bouguereau dans la République des Pyrénées. Après deux ans au pouvoir, le président français François Hollande a subi un cinglant désaveu hier qui ouvre la voie à un remaniement du gouvernement. Le premier parti de l'opposition de droite, l'UMP, a revendiqué une «grande victoire» et son président Jean-François Copé a appelé François Hollande à «absolument changer de politique». «La France gronde et accuse» Hollande, a lancé l'ex-Premier ministre UMP François Fillon. Ségolène Royal, ex-compagne du Président et mère de ses quatre enfants, citée comme possible entrante au gouvernement, a appelé à prendre «très au sérieux» cet «avertissement très sévère». Ces résultats sont «indéniablement mauvais pour la gauche», a admis la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, appelant à «renouer le dialogue avec les Français». C'est «un jour de tristesse pour les tous les socialistes», a lâché François Rebsamen, chef des sénateurs socialistes, tandis que le député socialiste de Paris Jean-Christophe Cambadélis évoquait un «dimanche noir». L'entourage de François Hollande a clairement laissé entendre hier soir qu'il avait entendu le message : «C'est une défaite, on ne va pas barguigner», a-t-on commenté. «Les électeurs ont exprimé une attente vive... et parfois de la colère», a pour sa part noté le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, donné comme favori pour prendre la tête du prochain gouvernement. «Il s'agit bien d'une défaite locale et nationale pour la gauche et le gouvernement», a-t-il reconnu sans ambages. L'abstention au second tour des élections municipales a atteint des sommets hier à 37,78%. Un niveau jamais vu pour ce type d'élection.