Pressé par la communauté internationale de retourner à la constitutionnalité en dépit du charivari institutionnel qui plombe la scène politique, le Premier ministre libyen, Abdallah al-Theni, qui vient de former un nouveau cabinet, a prêté serment, dimanche dernier, dans la ville de Tobrouk, à l'est du pays, où sont basés le gouvernement et le Parlement libyens internationalement reconnus. Le nouveau gouvernement comprend trois vice-Premiers ministres et dix ministres. La Chambre des représentants a donné sa confiance à ce nouveau gouvernement la semaine dernière et chargé le nouveau Premier ministre de régler l'actuelle crise et, surtout, de maîtriser les affrontements meurtriers entre les militants islamistes et la milice pro-laïque, notamment en reprenant le contrôle des institutions de l'Etat qu'il a perdues, à Tripoli comme à Benghazi, aujourd'hui aux mains de milices de la coalition Fajr Libya, lesquelles ont, de leur côté, formé un gouvernement parallèle dans la capitale, dirigé par Omar al-Hassi. L'entrée en scène constitutionnelle du nouveau gouvernement al-Theni intervient à la veille d'une réunion tenue, hier, à Ghadamès, à 600 km au sud-ouest, sous l'égide de la Mission de l'ONU en Libye entre des membres du Parlement libyen, issu des élections du 25 juin, et des députés qui boycottent le nouveau gouvernement, pour tenter de mettre fin à l'anarchie institutionnelle. Après avoir réussi, à l'issue de discussions marathoniennes, à convaincre les deux camps de s'asseoir à la table du dialogue, le chef de la mission, Bernardino Leon, s'était rendu, dimanche soir, à Tobrouk pour rencontrer les élus qui boycottent les réunions. Lundi dernier, l'Unsmil a précisé que le dialogue serait fondé sur la « légitimité des institutions élues », en l'occurrence la Chambre des représentants, sur le rejet du terrorisme et le respect des droits de l'Homme. Selon la mission onusienne, la réunion doit aboutir à un accord sur le règlement intérieur du Parlement et « d'autres questions liées à la gouvernance » du pays. Un accord devrait également être trouvé sur un lieu et une date pour la passation du pouvoir entre le Congrès général national (CGN, le Parlement sortant) et la Chambre des représentants, l'un des points de discorde entre les islamistes et leurs rivaux. Douze membres de chaque camp devraient prendre part à cette rencontre selon le porte-parole de la Chambre des représentants, Fraj Abou Hachem. Plus d'une vingtaine de députés, dont des islamistes, boycottent les travaux du nouveau Parlement contestant sa constitutionnalité. Parmi eux, figurent notamment des groupes islamistes et de la ville de Misrata (est de Tripoli) qui ont pris le contrôle de Tripoli après avoir conquis fin août l'aéroport aux dépens des milices pro-gouvernementales de la ville de Zenten (sud-ouest de la capitale). Sur le terrain, la violence continue. Au moins deux personnes ont été tuées, dimanche dernier, dans des affrontements opposant deux tribus dans la grande ville du sud à Sebha.