Moins de 24 heures après que Leon Bernardino, envoyé spécial onusien en Libye, s'est félicité d'être arrivé à convaincre toutes les parties de s'asseoir autour d'une même table, des rumeurs de retrait de certaines d'entre elles se font écho. Difficile sera la concrétisation de l'initiative de dialogue regroupant toutes les parties libyennes en guerre, mais le jeu en vaut bien la chandelle, si la voix des armes sera en bout de chemin définitivement bannie. La tâche pour Alger sera difficile mais pas impossible, puisque son initiative a trouvé un écho plus que favorable de la part de la communauté internationale et reste à savoir aujourd'hui si toutes les parties en conflit en Libye se décideront à s'asseoir autour d'une même table. Arriver à un accord Un premier pas a déjà été franchi grâce à l'envoyé spécial onusien en Libye, Leon Bernardino qui, après avoir sillonné la Libye et rencontré tous les protagonistes, a fixé la date du 29 septembre pour tenir en Libye même la toute première rencontre de dialogue. Samedi dernier, le médiateur onusien se félicitait d'avoir pu obtenir l'accord de principe des différentes parties libyennes pour prendre part à ce premier dialogue. Une rencontre qui devrait avoir pour base «la légitimité des institutions élues avec la reconnaissance des résultats des élections du 25 juin dernier», «le rejet du terrorisme et le respect des droits de l'homme et de la déclaration constitutionnelle» adoptée après la chute du régime El Gueddafi. L'objectif assigné à ce premier pas en direction de la solution politique de la crise libyenne est d'arriver à un accord sur «le règlement intérieur de la Chambre des représentants» et convaincre le Parlement sortant de faire la passation de pouvoir à la nouvelle Chambre des représentants. Une exigence qui ne fait pas l'unanimité. Moins de 24 heures après que Leon Bernardino s'est félicité d'être arrivé à convaincre toutes les parties de s'asseoir autour d'une même table, des rumeurs de retrait de certaines parties se font écho. Différents médias libyens évoquent un éventuel report du dialogue interlibyen pour cause de divergences politiques. «Des membres de la Chambre des représentants élus le 25 juin dernier refusent de s'asseoir avec ceux qu'ils appellent les putschistes en référence aux membres du Congrès national général qui est le Parlement sortant et le gouvernement qui le représente, en l'occurrence Omar El Hassi», indique la même source. Le courant islamiste radical à Benghazi, principal vaincu des dernières élections, continue de son côté une campagne de sabotage des initiatives de dialogue. La réunion d'aujourd'hui sous l'égide de l'ONU, devant servir de base et de garantie à la réussite de la rencontre d'Alger, risque donc d'être reportée et renvoie à n'en point douter à la difficulté du terrain libyen livré depuis 2011 au diktat des milices. L'initiative algérienne pour réunir les Libyens autour de la table de dialogue ne sera donc pas facile, mais s'avère toutefois nécessaire pour éviter le pire à ce pays et à la région. «La double initiative algérienne de mise en place d'un cadre d'action commune de tous les pays voisins de la Libye et le lancement d'un dialogue inclusif en vue de la réconciliation nationale et du renforcement des institutions de l'Etat est venue apporter une contribution de qualité à un sursaut collectif salutaire du peuple libyen que nous appelons de tous nos vœux», soulignait encore le chef de la diplomatie algérienne à New York, Ramtane Lamamra, préférant ainsi donner toutes les chances à la réussite de l'initiative algérienne soutenue par les pays de la région et l'ONU. Le succès de cette initiative reste tributaire d'un cessez-le-feu qui semble difficile à atteindre. L'analyste tunisien à l'université de Lyon, Mokdad Isaad, spécialiste des questions maghrébines, cité par le site El Arabi el Djadid, a noté que si l'Algérie avait pesé en 2011 comme elle le fait aujourd'hui pour favoriser la voie du dialogue, l'OTAN aurait revu sa copie avant d'intervenir. On ne peut savoir ce qu'aurait été la réaction de l'OTAN tant ses pays membres étaient décidés à attaquer la Libye, mais ce qui est certain aujourd'hui c'est que les pays de la région ont pris conscience des conséquences que peut engendrer une autre intervention militaire coalisée. L'option du dialogue interlibyen se présente comme une barrière à une intervention étrangère.