"On a peut-être une équipe faite pour l'Europe" : la phrase de Leonardo au soir d'une défaite à Reims en mars 2013 prend tout son relief avec l'exploit du Paris SG contre Barcelone mardi en Ligue des champions (3-2), dû à un regain de motivation. Ce PSG de C1, qui a fait mordre la poussière à un Barça jusqu'alors invaincu sans prendre le moindre but en sept matches toutes compétitions confondues (6 victoires, 1 nul), n'avait rien à voir avec le PSG de championnat (3 victoires, 5 nuls) en ce qui concerne l'attitude. "On a retrouvé certaines valeurs, qu'on n'avait pas perdues mais qu'on avait du mal à mettre en pratique en championnat, a estimé Laurent Blanc mardi soir. La Ligue des champions, c'est une autre compétition, les joueurs sont plus déterminés, plus motivés : sans ça, on perd le match contre Barcelone." "Avec l'odeur de la Ligue des champions et Barcelone chez soi, inconsciemment on est plus motivés, déterminés", a insisté l'entraîneur parisien, qui reconnaît ainsi le double visage de son équipe : impavide sur les terrains français ; expressif dans les joutes européennes de gala. C'est surtout dans l'agressivité que les Parisiens ont haussé le ton, dans la "juste agressivité, qui nous manquait jusque-là", selon Blanc. Comme si les Parisiens avaient été fouettés par un sentiment d'urgence, absent par exemple à Toulouse samedi (1-1). Epoque Ancelotti "Ce n'est pas seulement physique, c'est une question de concentration... La motivation était forte. Si on fait tous les matches comme ça on les gagnera", a abondé Pastore, qui a fait un grand match au poste de meneur de jeu, en harmonie avec son équipe. "Il a un volume de jeu très important, physiquement il peut supporter de grandes courses, a analysé son entraîneur. Quand il a confiance comme ce soir, il est capable de faire ce type de match." Physiquement, les Parisiens étaient ainsi bien mieux qu'à Amsterdam, lorsque l'Ajax les avait rejoints au score (1-1) et bousculés en deuxième période. Le PSG serait-il arrivé mardi à un point d'équilibre des niveaux physiques rendus disparates par les retours post-Mondial échelonnés ? Mais le nouveau visage arboré mardi par le club de la capitale s'explique aussi par le pedigree de l'adversaire. Le Barça a eu, comme prévu, la possession de balle et donc contraint Paris à jouer la récupération et la contre-attaque, la recette de l'époque Carlo Ancelotti. Bref, le PSG ne pouvait "ronronner" comme il le fait souvent en Ligue 1 avec une possession stérile. L'impression de suffisance dégagée par un début de saison sans défaite mais avec plus de nuls que de victoires est peut-être à mettre sur le compte d'une supériorité établie depuis deux saisons, achevées sur le titre de champion national. Sur le thème : nous sommes meilleurs, nous allons forcément gagner ce match. Or, cela ne se décrète pas. Cavani et la confiance C'est dès lors un problème pour Laurent Blanc. Lui qui observe ses joueurs plus motivés à l'heure des grands rendez-vous européens assure aussi régulièrement qu'il ne faut pas négliger les matches domestiques. Il n'y a pas encore le feu, mais Marseille possède tout de même cinq points d'avance. L'entraîneur s'est donc montré impuissant ces dernières semaines à galvaniser ses troupes et à mettre en confiance un Cavani encore en deçà de son niveau, surtout quand il occupe l'axe qu'il revendique. Les doutes de l'Uruguayen sont aussi à mesurer à l'aune de l'ombre que lui porte Ibrahimovic (forfait depuis trois matches), dont la place en pointe est garantie. Le traditionnel 4-3-3 est taillé pour le buteur suédois, et si le milieu en losange avec Pastore en soutien des attaquants a gagné du crédit, il semble délicat de le reconduire en présence de "Zlatan", qui aime décrocher et empêche ainsi le meneur argentin de s'exprimer, comme ce dernier l'a déjà admis. Dimanche soir, le PSG reçoit son dauphin de la saison dernière, Monaco. L'occasion de voir si le Paris-Barcelone de mardi n'était qu'un feu de paille, ou le début d'une saison flamboyante.