L'indigence criante de l'école algérienne et la naïveté de nombreux parents d'élèves font que le marché juteux des "cours de soutien scolaire" prend une ampleur considérable en Kabylie. À Tizi Ouzou, par exemple, tout le monde sait que le "commerce informel des cours particuliers" prend des proportions alarmantes à un point tel que les "affairistes" du "trabendo scolaire" usent de tous les moyens illégaux et inimaginables pour "se beurrer" et faire fortune sur le dos des élèves et de leurs parents. Aujourd'hui, le profil traditionnellement bien connu du brave enseignant qui accueillait en son domicile trois ou quatre élèves pour leur dispenser quelques cours de rattrapage et arrondir quelque peu ses fins de mois - ce qui est certainement de bon augure - est largement dépassé car des "écoles clandestines" qui accueillent des centaines d'élèves, au vu et au su de tout le monde, fonctionnent généralement durant les week-ends dans des taudis de fortune où les conditions d'hygiène et de sécurité ne répondent guère aux critères d'un établissement scolaire digne de ce nom. Ils sont nombreux les "trabendistes" de l'école (qui ne sont pas nécessairement des enseignants et qui n'ont rien à voir avec la pédagogie) à investir dans ce commerce florissant qui échappe à tout contrôle administratif, pédagogique, sanitaire et fiscal. Certains "affairistes" se sont même permis d'agir sous le sceau maquillé de prétendues associations pour bâtir de véritables "empires scolaires" qui brassent un argent fou, ce qui a d'ailleurs nécessité tout récemment l'intervention des services de la wilaya de Tizi Ouzou pour mettre fin aux activités lucratives d'une "association-alibi" qui avait à son actif près d'un ... millier d'élèves provenant de plusieurs localités de Kabylie et qui payaient des sommes faramineuses durant plusieurs années, rien que ça ! "J'ai quatre enfants scolarisés au primaire et au moyen et je payais jusqu'à 10 000 DA par mois dans une prétendue école de soutien, mais ma bourse ne pouvait pas suivre et les résultats étaient peu reluisants, ce qui m'a poussé à arrêter la mascarade", nous dira un père de famille visiblement désabusé et, en tout cas, fortement déçu par une expérience aussi malheureuse. "Je pensais que c'étaient des cours particuliers au profit de groupes d'élèves restreints mais quand j'ai vu qu'on entassait des dizaines d'élèves dans des cagibis obscurs et mal aérés pour ramasser surtout de l'argent, et beaucoup d'argent, j'ai dû renoncer à un tel manège", nous dira une mère de famille tout aussi déçue par la tournure des événements. C'est dire qu'un tel commerce informel doit être certainement combattu sans relâche par les pouvoirs publics, les syndicats des enseignants et les associations de parents d'élèves, surtout que le ministère de l'Education nationale a déjà mis son veto catégorique à ce genre d'activités néfastes à l'enseignement et a même assuré les élèves et leurs parents de la disponibilité des établissements scolaires le soir après les heures de classe et les samedis dans un cadre typiquement scolaire.