La tutelle a décidé d'alléger la masse des fournitures scolaires que les enfants doivent transporter. En attendant de voir les résultats de la "réforme du cartable", c'est toujours ça qu'on se soit rendu compte que tous les potaches ne sont pas accompagnés en voiture à leur école ! Pour le reste, la réforme... permanente fait une pause. Enfin ! Cela fait si longtemps que l'Ecole la plus délaissée du monde se réforme. Tellement longtemps que le dernier ministre a dû inventer "la réforme de la réforme", pour ne pas faire routine. Au cours de la réunion de rentrée de l'administration scolaire, le Premier ministre n'a pas annoncé de réforme. Il a fait comme dans les visites de terrain : faute de dire ce qu'il va faire, il dit ce qui doit se faire. Avec humour et sens de la formule. Cela donne des réunions et de style causerie au coin du feu, cela fait sourire l'assistance et offrir des repères mémoriels aux journalistes de compagnie et cela n'engage pas politiquement. Ainsi, en est-il de la remarque sur la médiocrité esthétique et l'incohérence urbanistique d'une cité en construction à El-Aouana, dont le chantier a été suspendu "en live". Cela fait effet médiatique sans avoir à appliquer la législation sur le littoral, que ce soit à Jijel, dans la forêt de Zemmouri ou à Canastel. Des tenanciers de bar et de restaurant s'étonnent que l'administration continue sa tâche d'éradication de leur commerce alors que Sellal a dit que ce n'était pas l'urgence du moment. Leur perplexité vient de ce qu'ils ont confondu un commentaire de meeting avec une résolution officielle formalisée. Des boutades ne font pas un programme de gouvernement. Mais pour revenir à l'Ecole, Sellal met tout sur "les déviations" de "la décennie noire". Un peu trop facilement. Parce qu'en matière morale, la décennie "rose" a fait bien plus de tort que la "décennie noire". Lors, c'était le temps de la confrontation d'idées, même violente ; maintenant, c'est l'ère de la pensée unique ressuscitée et alliée au libertinage affairiste. L'impact culturel de "la réconciliation" rentière a affecté la société, les institutions et... leur école : partout, on a appris qu'on peut faire de l'argent sans faire d'effort. Même les enfants l'ont appris. À la maison et à l'école. Si le pouvoir était convaincu de la nécessité de remplacer l'école "de la décennie noire" par une autre, pourquoi a-t-il conservé le même ministre des années 1990 pour l'école des années 2000 ? En attendant de trouver pire ? Si l'Etat avait "une stratégie" qui repose sur "la formation de l'élément humain", comme le proclame Sellal, pourquoi a-t-il été contraint de recruter des ingénieurs et licenciés sans formation spécifique à l'enseignement. Où est ce "plus grand gisement" ? Il se félicite que nos bacheliers réussissent dans les universités de l'étranger, alors qu'il s'agit, pour la plupart d'élèves de lycée international, de classes spéciales pour enfants pistonnés ou d'écoles privées pour fils de familles aisées qui passent... le bac français. Le bac algérien, lui, est tombé dans le domaine du "trabendo", comme le note le Premier ministre. Et au sujet duquel on ne peut que partager le point de vue de Sellal sur cette réussite pédagogique : "On a inculqué à ces jeunes la culture de la triche." Il faut une école pour cela ? M. H. [email protected] Nom Adresse email