Portrait Retraitée après 40 ans de service, Rania a été, durant deux années, chef d?établissement dans deux écoles, en tant qu?intérimaire. Elle raconte son expérience. «En 1981, on m?a sollicitée au niveau de l?Académie d?Alger pour prendre une direction, après 19 ans de service. A cette époque la note n?était pas nécessaire. Il faut dire que je n?ai pu être titularisée en tant qu?institutrice qu?après une dizaine d?années. J?ai effectué des formations, en cours du soir, durant 4 ans. Je suis passée de monitrice à instructrice. J?ai été, également, détachée auprès de l?ITE, durant une année encore et deux ans plus tard j?ai été titularisée. j?ai donc pris la direction de l?école Bachir-Zouaïmia (ex-Jura), dans la commune de Oued Koreïch, pendant une année. Ma vocation était de diriger une école modèle selon les bases inculquées par nos anciens maîtres : discipline et éducation. Mon ambition était d?être à la tête d?une équipe d?enseignants et d?élèves qui serait un exemple à suivre. Elever le niveau de l?enseignant et de l?élève de concert. J?étais comme un soldat au front. Tout ce qui m?intéressait était d?éduquer une génération d?élèves et de leur offrir les meilleures conditions d?instruction qui leur permettraient d?évoluer dans leurs études.» Cette ancienne directrice précise qu?elle n?avait ni secrétaire ni assistance et devait assumer plusieurs tâches à la fois : «Hormis la rentrée et la sortie des élèves, je devais assurer la gestion des emplois du temps, la réunion mensuelle avec l?inspecteur, puisque c?était la première année de la mise en application du système fondamental. Je réunissais les maîtres. Il fallait veiller à la création de l?association des parents d?élèves et la réception des parents. Il fallait également tenir les comptes de l?école, assurer le bon fonctionnement de la cantine scolaire, chercher les provisions, les livres à l?IPN, avec les moyens du bord, à défaut en taxi que je payais de ma poche, la levée ainsi que la baisse de l?emblème national. Il fallait s?occuper de la vente des livres et des timbres, réceptionner l?argent de l?assurance scolaire. Sans compter les charges, le téléphone, etc. En outre, à la fin de l?année, j?assurais le poste de chef de centre d?examen. Une lourde responsabilité. Le quartier était classé pauvre, il fallait s?occuper de la solidarité sociale». Elle tient à préciser : «Je n?habitais pas l?établissement.» Cette directrice n?a pas non plus bénéficié de logement d?astreinte. Pour seule compensation, elle cite le fait d?avoir «vu (ses) anciens élèves occuper aujourd?hui de hautes fonctions et d?avoir gardé d?excellents rapports avec (ses) collègues». Elle déplore, toutefois, «l?esprit clanique et régionaliste au sein de la corporation».