Douze jihadistes algériens âgés entre 20 et 35 ans, tous originaires de la commune de Boudouaou, ont pu rejoindre la Syrie pour renforcer les rangs de Daech, a-t-on appris de sources bien informées. Parmi eux, deux frères dont l'un, arrêté en Turquie, est en voie d'extradition. Trois universitaires connus pour leurs penchants salafistes figurent parmi le groupe. Six d'entre eux sont d'une même localité située dans la périphérie de la ville de Boudouaou. Tous ont quitté leur domicile entre le 1er et le 30 août 2014. Certains n'ont pas jugé utile d'informer leurs parents, alors que d'autres ont signifié qu'ils iront en Turquie juste pour faire du tourisme. L'alerte a été donnée aux services de sécurité par le père de l'un des jihadistes qui aurait découvert la destination de son fils et de ses collègues dans l'ordinateur familial. Selon nos informations, le contact avec des groupes jihadistes basés en Syrie a été établi via Internet. C'est une filière bien rodée basée en Syrie qui aurait endoctriné ces jeunes salafistes dont la tenue vestimentaire a toujours intrigué les fidèles de la mosquée de Boudouaou qu'ils fréquentaient. "Ce groupe est connu de tout le monde, certains d'entre eux s'en sont pris à plusieurs reprises à l'imam de la mosquée, lui reprochant de ne pas faire de prêches convenables", nous a affirmé un citoyen de la ville. Mais beaucoup pensent que leur départ en Syrie n'étonne guère du fait de leur comportement et des idées extrémistes qu'ils véhiculaient. "C'est parce qu'ils sont issus de familles respectées et sans reproche que nous avons laissé faire", ajoute un autre témoin. De nombreux citoyens s'interrogent comment autant de jeunes "salafistes" ont pu s'envoler à destination de la Turquie en l'espace d'un mois sans attirer l'attention des parents et de l'entourage. Et combien d'Algériens ont été pris au piège par la même filière de recrutement de jihadistes que celle qui a embrigadé ces jeunes de Boudouaou ? Les services de sécurité ont commencé à travailler depuis plusieurs mois pour relever des indices qui vont certainement conduire à identifier les réseaux de recrutement installés ici ou à l'étranger. La "naissance" de Djound el-Khalifa de l'EI va assurément accentuer les investigations des services de sécurité. Ce groupe terroriste radical peut toujours intercepter ces nouvelles recrues qui font partie des réseaux dormants pour les enrôler en son sein. On estime entre 200 à 300 Algériens, y compris les binationaux, qui combattent en Syrie et en Irak aux côtés de Daech et le front Nosra. Le nombre, qui n'a pas été vérifié, peut augmenter à tout moment. Certes, les Algériens, comparés avec les autres ressortissants des pays arabes, sont moins nombreux. Mais le retour de ces jihadistes peut ressusciter les réseaux dormants, comme cela a été vérifié par le passé avec les anciens d'Afghanistan. Sami Sabri