Avec ce niveau de recettes, l'Algérie risque un déséquilibre de sa balance des paiements. À quelques mois de la clôture de l'exercice 2014, Saïd Sahnoun, le P-DG de la compagnie pétrolière nationale, a estimé hier que Sonatrach va engranger autour de 60 milliards de dollars l'année en cours si les prix du baril de brut ne poursuivent pas leur chute d'ici à la fin de l'année. Ce chiffre a été fourni en réponse à une question de l'animatrice de l'émission de la Chaîne III "L'invité de la rédaction". Comme on est à moins de trois mois de la clôture de l'année, on peut avoir un chiffre qui s'approche du niveau de recettes en devises réellement récoltées en 2014 au regard du rythme de recettes réalisées au cours des neuf derniers mois. Avec ce niveau de recettes, les exportations de l'Algérie vont diminuer en valeur en 2014. Comme nos importations de marchandises et de services se situent aux alentours de 60 milliards de dollars, l'Algérie risque de nouveau d'enregistrer un léger excédent de la balance des paiements, voire si les cours du baril poursuivent leur chute, un déficit de la balance des paiements et, partant, une diminution des réserves de changes. Optimiste, Saïd Sahnoun a affirmé que la production d'hydrocarbures connaîtra une hausse de 5% l'année en cours par rapport à 2013. Il imputera la chute de la production d'hydrocarbures en 2013 et le 1er semestre 2014 à la baisse du niveau d'extraction des champs d'In Amenas et d'In Salah due aux évènements tragiques de Tiguentourine. Il annoncera que le troisième train du complexe de Tiguentourine sera opérationnel début 2015. Ce qui permettra de recouvrer la capacité de production initiale, c'est-à-dire 18 milliards de mètres cubes/an de gaz à partir des champs d'In Amenas et d'In Salah exploités par Sonatrach, BP et Statoil. À propos du gaz de schiste, il tentera de lever les appréhensions liées à l'exploitation de cette ressource non conventionnelle. "Les techniques utilisées pour exploiter le gaz de schiste ont été déjà pratiquées par Sonatrach." En clair, le forage horizontal et la fracturation hydraulique ont été déjà expérimentés en Algérie. Comme dans l'exploitation du pétrole ou du gaz conventionnel, la cimentation des puits permet une étanchéité et, partant, d'isoler le gisement des couches aquifères. D'ailleurs, selon lui, ces dernières sont éloignées des réservoirs de gaz de schiste. Pour Saïd Sahnoun, ce serait une erreur de ne pas commencer aujourd'hui le développement des ressources de gaz de schiste. Elles permettront de conforter nos réserves d'hydrocarbures. Elles sont de l'ordre de 700 TCF, soit 20 000 milliards de mètres cubes, soit les troisièmes réserves techniquement récupérables dans le monde. Saïd Sahnoun a indiqué que Sonatrach a un projet d'investissement de 20 milliards de dollars dans le gaz de schiste. "Il faut commencer avec 45 appareils de forage, forer 3 500 puits à l'exploitation", a-t-il ajouté. C'est énorme. Sonatrach vise à produire 10 à 20 milliards de mètres cubes de gaz de schiste annuellement dans 10 à 15 ans. Sonatrach se prépare à ce défi. Elle a déjà formé 50 ingénieurs spécialisés dans le gaz de schiste. Le P-DG de Sonatrach a également indiqué que sa compagnie compte développer les nouveaux gisements de gaz et de pétrole et de gaz compact ainsi que les compartiments compacts des anciens champs comme celui de Hassi-Messaoud. Sonatrach a déjà une expérience dans ce domaine avec les gisements de gaz de Gassi Touil et Rhourde Nouss. Enfin, concernant le plan de développement de Sonatrach 2015-2019, Saïd Sahnoun a indiqué que la compagnie pétrolière nationale compte développer son pôle pétrochimique avec 2 ou 3 projets susceptibles de contribuer à l'intégration de l'industrie nationale.