Les besoins domestiques en gaz naturel seraient de l'ordre de 45 milliards de mètres cubes en 2020, 65 milliards de mètres cubes en 2030, contre 30 milliards de mètres cubes aujourd'hui. Sonatrach dévoile peu à peu un pan de son plan de développement 2014-2019 qui prévoit 102 milliards de dollars d'investissement dont 60% consacrés à l'amont. Dans une carte éditée par la compagnie nationale en 2014 avec le concours de l'Institut national de cartographie figurent les projets majeurs qui doivent booster la production de pétrole et de gaz au cours des prochaines années. Commençons par le gaz. Les projets les moins connus sont le développement des gisements de Tikidelt et Akabli situés non loin d'In Salah, les satellites MLSE (Menzel Ledjmat sud-est) dans le bassin de Berkine au sud-est. Le premier qui sera mis en service selon Sonatrach en 2018-2019, produira 4 milliards de mètres cubes/an de gaz. Pour les plus connus, citons le développement de ceux du sud-ouest : Touat en partenariat avec Gaz de France (4,5 milliards de mètres cubes/an de gaz ; mise en service prévue en 2016), Timimoun en partenariat avec Total et Cepsa (1,6 milliard de mètres cubes/an ; mise en service prévue en 2016), Reggane-nord en partenariat avec Repsol, RWE et Edison et les gisements rendus par Statoil et BG (Hassi-Mouina et Hassi-Ba Hammou qui produiront 1,6 milliard de mètres cubes/an, ainsi que l'Ahnet en partenariat avec Total et Partex dont l'accord définitif n'a pas encore été obtenu pour son développement. Prévu pour être mis en service en 2018, il devra produire au minimum 4 milliards de mètres cubes/an de gaz. Au total, cette nouvelle province gazière du sud-ouest devra produire au moins 20 milliards de mètres cubes/an de gaz à partir de 2018- 2019 si les délais de mise en service de ces nouveaux gisements sont respectés. Développement de gisements : 42 milliards de dollars d'investissements Au sud-est, on mise sur les gisements d'Isarène en partenariat avec Petroceltic et Enel, Bourrahat-nord en partenariat avec Medex. Mais l'un des jokers de cette montée en cadence de la production gazière du pays est le "développement du pôle gazier de Tinhert situé dans le bassin d'Illizi au sud-est qui devra produire, en 2017-2018, 8 à 9 milliards de mètres cubes/an de gaz", a indiqué Saïd Sahnoun, le vice-président de Sonatrach chargé de l'amont. Tous ces nouveaux gisements devront compenser le déclin de l'une des mamelles de l'Algérie : le champ de Hassi-R'mel. Pour le pétrole, Sonatrach table sur les gisements situés à la périphérie de Hassi-Messaoud (Hassi-Dzabat, Hassi-Tarfa et Haoudh Berkaoui). La mise en service de ces champs qui seront exploités par Sonatrach seule est prévue en 2017. Elle mise également sur les gisements de Bir Sbaâ (production attendue de 36 000 barils/jour de pétrole) en partenariat avec PVEP et PTTEP, Bir M'sena en partenariat avec Hess et Petronas qui seront productifs en 2015 selon Sonatrach. Autres champs qui seront mis en service au cours des prochaines années : CAFC oil avec l'Eni, El-M'zaïd avec CNPC, Gara Tesselit avec Rosneft et Stroytansgaz, (38 000 barils/jour). Les deux premiers seront livrés en 2016, le troisième en 2017, selon les projections de la compagnie pétrolière nationale. Tous ces gisements conjugués à la mise en service en 2013 du pôle pétrolier d'El-Merk devront compenser le déclin des gisements développés dans les années 90 et début des années 2000 : Hassi-Berkine-sud (HBNS et ses champs satellites), Ourhoud, Rod, Bir Rebaâ... Sonatrach n'a pas encore fourni de détails sur la capacité de production de pétrole supplémentaire totale attendue de la mise en service de ces gisements de brut. Mais, ce qui inquiète surtout, c'est l'explosion de la demande locale en produits énergétiques. Abdelhamid Zerguine, le P-DG de Sonatrach, a indiqué dans sa communication, lors de la conférence internationale sur la sécurité énergétique tenue à Malte les 10 et 11 juillet, que la consommation domestique va doubler d'ici à 2030. "Le niveau des besoins en gaz naturel est actuellement de l'ordre de 30 milliards de mètres cubes. Il serait de l'ordre de 45 milliards de mètres cubes en 2020 et 65 milliards de mètres cubes en 2030". La demande domestique en produits énergétiques pèsera lourd dans la balance. Tout cet effort, soit 42 milliards de dollars d'investissements dans le développement de gisements, dont 22 milliards de dollars pour le gaz naturel, des chiffres annoncés par le P-DG de Sonatrach, ne produira pas son plein effet. Une bonne partie de cette production d'hydrocarbures ira à la couverture des besoins domestiques. Conséquence : les volumes exportés et, donc, les recettes engrangées n'atteindront pas les niveaux escomptés. À moins qu'on ne mette en marche rapidement un plan plus ambitieux de maîtrise de l'énergie et de lutte conte le gaspillage de produits pétroliers. Dans une partie de cette équation, la question du prix de l'énergie est fondamentale. Certains estiment qu'il conviendrait de réfléchir à des mécanismes de réajustement des prix qui n'entraînent pas de graves répercussions sociales, car le statu quo en la matière annonce le pire. Il menace aussi bien les recettes en devises du pays que le niveau des réserves hydrocarbures de l'Algérie. Nom Adresse email