L'augmentation des salaires ne veut pas dire forcément amélioration du pouvoir d'achat. La récente fronde du corps de la police nationale a remis sur le tapis la question des revalorisations salariales, notamment après la satisfaction de leur revendication. En effet, la fronde risque de toucher d'autres secteurs, à l'instar de ceux des pompiers ou des douaniers. Après donc l'inédit soulèvement de la police nationale, ce sont les pompiers qui risquent d'investir la rue. Redoutant un effet boule de neige, les pouvoirs publics auraient décidé des augmentations afin d'améliorer les salaires des pompiers et des douaniers. Ces augmentations concernent la réévaluation de plusieurs primes liées à ces professions ainsi que le rajout de nouvelles primes.Le corps de la police a déjà bénéficié d'une revalorisation de salaire en 2010. Cette augmentation annoncée en grande pompe à l'époque ne semble pas avoir satisfait les policiers. "Je suis dans la police depuis 28 années. Avec un grade d'officier, je touche moins de 70 000 DA", s'indigne un policier, qui ajoute que le salaire de départ dans la police tourne autour de 33 000 DA. Il convient de signaler que cette augmentation des salaires des policiers de 2010 a précédé celle des gardes communaux algériens, qui ont également obtenu une hausse de leurs salaires, après une marche, lundi, de plus de 50 km vers la capitale. "28 ans dans la police, un salaire de seulement 70 000 DA" En 2013, le gouvernement a décidé d'accorder à plus d'un million de fonctionnaires, relevant notamment des corps spécifiques de la Fonction publique, des augmentations de salaires allant de 10 à 20% sur le salaire de base selon les fonctions. Ces augmentations ont concerné tous les fonctionnaires des corps spécifiques relevant de la santé, de l'agriculture, de la jeunesse et des sports, de l'enseignement supérieur et des collectivités locales et d'une dizaine d'autres départements ministériels. Ces majorations de salaires ont souvent été qualifiées d'insignifiantes par les salariés. De son côté, le SNMG a été revalorisé à plusieurs reprises depuis 2001. Fixé à 18 000 DA par mois depuis 2012, la première revalorisation l'avait péniblement fait passer de 6000 à 8000 DA en 2001. Par ailleurs, il est certain que les salaires des smicards seront augmentés à partir de janvier 2015, un effet de la suppression de l'article 87 bis. Pour rappel, les gouvernements qui se sont succédé depuis 1997 ont tous hésité à porter des modifications à cet article en raison de son impact financier très lourd. Celui-ci aurait été de 500 milliards de dinars en 2008. Selon une enquête réalisée en mai 2013 par l'Office national des statistiques (ONS), le salaire net moyen en Algérie était d'environ 51 000 DA dans le secteur public et d'environ 29 200 DA dans le privé en 2013. Reste qu'au final, l'augmentation des salaires ne veut pas dire forcément l'amélioration du pouvoir d'achat. Bien que le SNMG ait été revalorisé et bien que les autorités, qui continuent de soutenir les produits de première nécessité, aient procédé à des revalorisations salariales substantielles (avec effet rétroactif) pendant l'hiver 2012, les augmentations de salaires n'ont pas renforcé le pouvoir d'achat des salariés. Celui-ci a sensiblement diminué au cours de ces cinq dernières années. Et même si, selon le FMI, le PIB par habitant est passé de 1630 dollars en 1999 à 5670 dollars en 2013, le pouvoir d'achat des Algériens s'est érodé. L'inflation, conjuguée à la flambée incessante des prix des produits de grande consommation, grève le budget des ménages. L'inflation tue ce que le gouvernement donne de l'autre côté. Aussi, la dévaluation progressive et discrète du dinar fait que les augmentations salariales n'amélioreront pas le pouvoir d'achat des Algériens. Selon un communiqué de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), diffusé le 18 octobre, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, plus de 9 millions d'Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Tableau des salaires - Agent de police : 33 000 dinars net par mois (avec les nouvelles augmentations, le salaire de policier pourrait s'approcher des 40 000 dinars par mois) ; - Douanier : 25 000 dinars ; - Agent des corps techniques (Fonction publique) : 9 000 dinars par mois (selon un responsable de l'UGTA) ; - Enseignant dans le primaire : 32 000 dinars par mois ; Enseignant dans le moyen : 35 000 dinars par mois ; - Enseignant dans le secondaire : 40 000 dinars - Medecin : 60 000 dinars par mois ; - Ingénieur dans le secteur économique public : 40 000 dinars par mois. (Il s'agit d'une moyenne pour des salariés débutants). S. S.