"La Pacification : Livre noir de six années de guerre en Algérie", de Hafid Keramane Tortures, exécutions sommaires, incendies de villages... Paru en février 1960 (et édité cette année par les éditions Chihab), La Pacification dresse le terrible répertoire des moyens de répression exercés par le gouvernement français contre les combattants algériens et les opposants à la guerre d'Algérie. Il recense des témoignages de victimes et d'appelés, mais aussi des lettres adressées aux autorités politiques et judiciaires, des interventions d'avocats, des articles de presse. Il aura fallu près d'un an de travail, mené par des militants anticolonialistes avec la Fédération de France du FLN, pour sélectionner et authentifier avec rigueur les documents. Sorti en Suisse, ce livre est alors interdit en France : silence, on torture! Voici donc à nouveau sur la table cette importante pièce historique, mise en contexte par son éditeur originel, Nils Andersson. Il relate l'aventure de ce livre, depuis son élaboration jusqu'à sa diffusion clandestine en France. Plus largement, il rappelle le combat des éditeurs engagés contre la guerre d'Algérie, autour notamment de Jérôme Lindon ou de François Maspero, soulignant par là l'inestimable pouvoir de résistance de l'écrit. Prix : 1100 DA. "Le Roi de Kahel", de Tierno Monénembo Au début des années 1880, Aimé Victor Olivier, que les Peuls appelleront Yémé, et qui deviendra le vicomte de Sanderval, fonde le projet de conquérir, à titre personnel, le Fouta-Djalon et d'y faire passer une ligne de chemin de fer. On a presque tout oublié de lui aujourd'hui : il fut pourtant un précurseur de la colonisation de l'Afrique de l'Ouest, et ses aventures faisaient le régal des gazettes de l'époque. Au cours de ses cinq voyages successifs, Sanderval parvient à gagner la confiance de l'almâmi, le chef suprême de ce royaume théocratique qu'était le pays peul, qui lui donne le plateau de Kahel et l'autorise à battre monnaie à son effigie. De ce personnage haut en couleur, Tierno Monénembo nous offre une foisonnante biographie romancée, dans ce roman paru aux éditions Apic. L'épopée solitaire d'un homme, Olivier de Sanderval, qui voulut se tailler un royaume au nez et à la barbe de l'administration française... et des Anglais. Prix : 600 DA. "Tarek ibn Zian Nefari", de Abdelaziz Ferrah Malgré son imposante présence, le rocher de Gibraltar n'évoque pas, hélas, le nom de ce grand chef berbère qui le lui avait donné, à son insu. Du reste, en 711, lorsque Tarek ibn Zian Nefari avait débarqué sur son flanc ses 12 000 cavaliers berbères, ce n'était pas pour que le rocher portât son nom, mais bien pour participer à l'extension, cette fois en Occident, de cette nouvelle religion, l'Islam, adoptée par les royaumes berbères. Deux conceptions de l'islamisation de l'Espagne vont s'opposer, selon l'auteur. L'une, disons spirituelle, avec Tarek, avec sa foi de nouveau converti, et l'autre, purement matérielle, avec Moussa, déjà rompu au jeu avec sa participation en Perse. A chacun d'apprécier et de juger. Mais Tarek, appelé à Damas, disparaît de la circulation. L'auteur (décédé en 2011) de cet ouvrage paru aux éditions Apic, nous présente une option qui a au moins l'intérêt de nous résumer des facettes de la vie et de l'histoire de ces deux régions, à travers l'échange de correspondances, bien entendu imaginaires, entre Tarek et son ami Moughih et sa descendance, demeurée à Grenade, jusqu'à sa chute. Prix : 800 DA. "Dictionnaire des écrivains algériens de langue française (1990-2010)" Entre dictionnaire et encyclopédie, cet ouvrage de 332 pages paru aux éditions Chihab traite de plus de soixante auteurs algériens ayant choisi le français comme langue d'écriture. Les notices, rédigées par des spécialistes, guident le lecteur dans le dédale des œuvres en lui offrant un parcours balisé. Des écrivains qui ne sont plus à présenter tant leur notoriété est grande, comme Mohammed Dib ou Tahar Djaout, voisinent avec des débutants ou ceux que la critique a oubliés. C'est un panorama qui se veut divers et qui témoigne de l'extraordinaire vitalité de la production romanesque algérienne de langue française de 1990 à 2010, années décisives qui n'ont cependant pas tari la créativité et l'ont même conduite à se renouveler. En consultant ce dictionnaire par notice ou bien en le lisant de bout en bout, on se lance à la découverte d'une littérature pleine de promesses. Cet ouvrage, réalisé sous la direction d'Amina Azza Bekkat, est préfacé par Charles Bonn. Prix : 1200 DA. "L'Algérie de Pétain", de Pierre Darmon L'Algérie de Pétain a légué à la postérité l'image d'un pays où, sous l'étendard d'un patriarche de cité thermale vénéré comme un dieu, il ferait bon vivre loin de l'occupant, du rationnement et de la violence. Mais que se passe-t-il en réalité dans la tête des populations et que chuchotent-elles ? Dans un régime policier, un reporter ne peut pas interroger les passants sur l'air du temps. Et pourtant, il est possible de reconstituer leurs propos, les Etats muselés étant ceux qui laissent le plus de traces indiscrètes : informateurs, écoutes téléphoniques et contrôle postal travaillent à plein. Le fonds de la délation, écrite ou orale, regorge de richesses consternantes. Paru aux éditions Sedia, cet ouvrage de 472 pages, constitué d'un ensemble documentaire, en partie inédit, prend à rebours bien des schémas traditionnels. Au croisement des mémoires, fellahs, bourgeois petits et grands, colons miséreux ou richissimes, observateurs locaux ou étrangers, fonctionnaires militaires et civils racontent l'Algérie véritable de Pétain, telle qu'ils l'ont vue et vécue. Prix : 1000 DA. "Fatma n'Parapli", de Benameur Mahmoud, Soumeya et Safia Ouarezki Paru aux éditions Dalimen, cet album de bande dessinée plante l'action dans un quartier des hauteurs d'Alger, un quartier plein de secrets où tout se suppose et rien ne se dit. Fatma n'Parapli, la folle du quartier, commence son tour habituel ; elle "vend" tout ce qui pousse dans son jardin à ses voisines. Dans la maison qu'elle partage avec Lallahoum, la cordonnière du quartier, Fatma n'Ahmed débarque avec une paire de chaussures à la main et le cœur lourd. Lallahoum est au courant de ses problèmes et lui propose une solution... les rumeurs qui entourent cette femme peuvent-elles s'avérer vraies ? Prix : 1200 DA. "Tizi Ouzou à travers les âges", de Mohammed Attaf Paru aux éditions Dalimen, cet ouvrage raconte l'histoire de Tizi Ouzou sous forme de tableaux, dans toute sa simplicité, avec des mots et des images modestes, tout en décrivant les événements vécus à travers les âges. "Mon travail est, certes, incomplet mais j'ai tout fait pour vous rapprocher de la réalité de notre passé sachant que l'histoire est une succession de vérités qui, parfois, se contredisent", note l'auteur à propos de son ouvrage. Prix : 2800 DA "Algérie-Kabylie", d'Hugh Roberts Ce recueil de textes du chercheur anglais Hugh Roberts, paru aux éditions Barzakh, au contenu riche et éclectique, en passionnera plus d'un : les chercheurs comme les non-initiés, les experts comme les profanes. Il réunit quelques-unes de ses interventions majeures (articles et entretiens) sur le champ politique algérien et la Kabylie plus particulièrement, dont il connaît intimement la spécificité –pour y avoir vécu, enseigné, et mené des enquêtes sur le terrain. Ses analyses, parfois ardues, sont pourtant lumineuses et d'une exigence remarquablement stimulante. Le lecteur découvre ici la pensée rigoureuse et engagée d'un intellectuel britannique animé par ce "sentiment de solidarité agissante" qu'il partageait avec son ami Mahmoud Bennoune, auquel il rend d'ailleurs un très bel hommage. Prix : 800 DA. "La Maman lionne", de Youcef Dris Paru aux éditions Dalimen, ce livre pour enfant raconte l'histoire d'une maman lionne qui va à la chasse, laissant son lionceau dans la tanière. Des chasseurs l'ont volé. Elle se mit à sa recherche et fera tout pour le retrouver et le libérer. Son flair et son instinct maternel lui feront braver tous les dangers pour retrouver son lionceau. Prix : 250 DA.