L'élément nouveau dans les attentats de Mombassa est qu'ils se sont déroulés en dehors d'Israël. Celui qui a juré de mettre fin à tout espoir de paix au Proche-Orient est maintenant conforté dans ses visées. Sharon a gagné les élections primaires contre son adversaire Netanyahou, mais dans un bain de sang. Le même jour, Israël a été triplement ciblé. Une double attaque au Kenya et une autre à Beit Shéan. Nul ne devrait s'étonner, cependant, de tels actes d'autant plus que la région vit depuis des mois déjà une situation de guerre. Aux incursions de l'armée israélienne dans les territoires relevant des compétences de l'Autorité palestinienne, et à ses exactions, les Palestiniens n'ayant pas une armée pour se défendre, répondent par des opérations kamikazes et selon la loi du talion: “œil pour œil et dent pour dent”. Pas plus tard que la semaine écoulée, un bus et un navire israéliens ont été attaqués. Depuis son déclenchement fin septembre 2000, la deuxième Intifadha a fait 2 730 morts, dont 2 002 Palestiniens. Tel est le bilan macabre de la volonté de Sharon de bloquer le processus de paix dans la région. Il a réussi ainsi à casser toutes les initiatives allant dans ce sens en assiégeant à deux reprises les bureaux de Arafat, massacrant au passage des dizaines de Palestiniens. En fait, l'élément nouveau dans les attaques de jeudi, au Kenya, est le fait qu'elles se sont déroulées hors d'Israël et que leurs auteurs ne sont pas forcément d'origine palestinienne. Planifiés et exécutés par une organisation toute nouvelle, l'Armée de la Palestine, qui les a revendiqués, les attentats de Mombassa chamboulent la donne sécuritaire au Proche-Orient. Si les intérêts et la vie des Israéliens hors d'Israël étaient jusque-là intouchés, désormais la guerre leur est déclarée. Al-Qaïda dont le chef Oussama Ben Laden a encouragé les actions de djihad contre les Américains et les Israéliens, est-elle derrière les attaques du Kenya ? “L'armée de la Palestine” est-elle l'un de ses nouveaux tentacules ? Un des responsables de l'Autorité palestinienne, Nabil Chaâth, a nié avant-hier “toute implication d'une quelconque organisation palestinienne dans ces attentats”. En ce moment, Sharon s'apprêterait à une autre offensive dans les territoires occupés, et les kamikazes à leur prochaine opération suicide. Dans un dernier appel de désespoir, Arafat a appelé avant-hier les Israéliens, conviés aux élections primaires, à opter pour un homme capable de relancer le processus de paix. Mais Sharon avait déjà préparé tous les ingrédients de la montée des extrémismes pour que ses compatriotes rejettent une telle option qui signifie la reconnaissance aux Palestiniens du droit de fonder un Etat. S. R.