Le wahhabisme récolte ce qu’il a semé

Multiplication des actions terroristes en Arabie Saoudite

Principal fonds de soutien aux mouvements intégristes durant les deux dernières décennies, Riyad est aujourd’hui pris à son propre piège. Acculés par les États-Unis, qui les ont sommés de couper les vivres aux fondamentalistes devenus un véritable danger pour les intérêts américains, les dirigeants saoudiens paient la facture de leur alignement sur Washington. Il n’a pas fallu beaucoup de temps aux Ben Laden et compagnie pour se retourner contre leur ancien bienfaiteur.
De toute façon, le roi Fahd Ben Abdelaziz et son frère le prince héritier Abdallah n’avaient pas d’autres choix que d’abdiquer devant la pression américaine, car toutes les preuves fournies montraient clairement le rôle moteur du royaume wahhabite à travers les associations caritatives, dans le financement d’une bonne partie des organisations intégristes. Devant cet état de fait, il était difficile de ne pas répondre favorablement à la demande de l’Administration Bush.
Conséquence, l’Arabie Saoudite vit depuis maintenant une année au rythme de la violence. Riyad, la capitale, en est à son troisième attentat terroriste d’envergure après les deux de mai et novembre 2003, visant des quartiers résidentiels où habitent des étrangers et qui avaient coûté la vie à une cinquantaine de personnes, dont huit Américains. Cette fois-ci, c’est le quartier général des services de sécurité saoudiens, situé à proximité du complexe résidentiel de la garde royale, qui a constitué la cible des terroristes. C’est dire l’enhardissement des terroristes, qui s’attaquent désormais aux piliers du royaume dans le but évident de faire dans le sensationnel pour frapper davantage les esprits.
Toute la rigueur dont font preuve les services de sécurité saoudiens ne suffit pas à juguler l’activité terroriste dans le royaume, sérieusement menacé ces derniers mois. L’acharnement contre ce pays s’explique par le simple fait que l’Arabie Saoudite constitue un objectif majeur pour les intégristes, car s’ils réussissent à mettre à genoux ce symbole, terre d’accueil de la religion musulmane, ils gagneront probablement la sympathie d’une grande partie de leur coreligionnaires, notamment ceux qui reprochent à Riyad sa gestion des Lieux saints de l’islam. L’on se rappelle encore la levée de boucliers des milieux fondamentalistes qui avait suivi l’arrivée sur les terres saoudiennes de soldats de la coalition, notamment de la coalition lors des deux guerres contre l’Irak en 1991 et l’année écoulée. Aujourd’hui, les dirigeants saoudiens récoltent ce qu’ils ont semé il y a plus d’une décennie. Après avoir mis indirectement en danger l’existence de plusieurs régimes dans certains pays, dont l’Algérie, qui a vécu les pires moments de son histoire lors de la dernière décennie, c’est à leur tour de goûter à l’amertume de l’horreur. Le roi Fahd et son frère héritier Abdallah, qui n’est autre que le régent du royaume, ont mis toutes leurs forces de sécurité dans la bataille pour éradiquer ce fléau, en vain. Des accrochages sont signalés régulièrement dans plusieurs régions, à l’exemple de ceux de Djeddah, jeudi et vendredi, au cours desquels cinq terroristes, dont quatre étaient activement recherchés, ont été tués.
Cela démontre que le mal s’est disséminé à travers tout le royaume. Venir à bout de ce phénomène relève d’une difficulté majeure, à moins que Washington ne se mette de la partie en apportant un soutien conséquent sur tous les plans, notamment celui du renseignement.
K. A.