Il y a 18 mois, le procès à New York de quatre responsables des attentats contre les ambassades de Nairobi et de Dar-es-Salaam en 1998 avait révélé que le Kenya était devenu une base importante du réseau Al-Qaîda en Afrique de l'Est. Selon les documents introduits à ce procès par l'accusation, des militants d'Al-Qaîda basés au Kenya auraient entraîné les Somaliens ayant attaqué et tué 18 soldats américains à Mogadiscio en 1993 durant les opérations de paix de l'Onu en Somalie. En 1994, Oussama Ben Laden qui résidait encore au Soudan avait décidé de dépêcher au Kenya son secrétaire particulier, un Américain d'origine libanaise, Wadih El Hadge, afin de développer ses réseaux dans cette région d'Afrique orientale. El Hadge, qui à Nairobi se décrit comme un diamantaire, se met à l'ouvrage sous le couvert d'une organisation charitable baptisée "Aider l'Afrique" dont il s'affiche comme le responsable local. Il fréquente un autre diamantaire d'origine palestinienne, Moustapha Ahmed, qui sera accusé par les autorités tanzaniennes dans l'attentat contre l'ambassade américaine de Dar-es-Saalam, le 7 août 1998. En août 1994, un autre accusé du procès de New York, le Jordanien Mohammed Saddiq Odeh, s'établit à Mombasa. Wadih el Hadge aurait assisté à son mariage et l'aurait envoyé en mission en Somalie en 1997. À Mombasa, Odeh opère un bateau de pêche, dont l'achat aurait été financé par Al Qaïda. L'un des lieutenants de Ben Laden, Mohammed Atef, tué en novembre 2001 lors des opérations militaires américaines en Afghanistan, lui aurait remis lui même l'argent nécessaire pour s'établir à Mombasa, selon les documents du procès. Fin 1997, Wadih el Hadge avait décidé de regagner les Etats-Unis et s'établir au Texas, mais non sans faire auparavant un passage par l'Afghanistan où il aurait retrouvé Oussama ben Laden et reçu l'instruction d'activer ses réseaux locaux au Kenya et en Tanzanie pour préparer les deux attentats de 1998 contre les ambassades, toujours selon l'acte d'accusation. Après les attaques qui avaient fait 224 morts et des milliers de blessés, El Hadge, dont le FBI soupçonnait depuis longtemps les liens avec Al-Qaîda, est arrêté. Il a été condamné l'an dernier à la prison à vie avec Odeh et deux autres accusés, le Saoudien Mohamed Rachid Daoud Al OwLali et le Tanzanien Khalfan Khamis Mohamed. S. L.