Les services secrets et les polices des Etats occidentaux sont tous en état d'alerte maximum. Les terribles attentats d'Arabie Saoudite ont fait prendre conscience à la planète que les menaces d'Al-Qaîda n'étaient pas surfaites et que les mises en garde régulières des services secrets de nombreux pays n'étaient pas à prendre à la légère. Ainsi, ce week-end a-t-il été riche en alertes, émises toutes par Washington et reposant, croit-on savoir, sur des informations solides, recoupées et fiables. La Malaisie, qui a déjà connu un terrible et sanglant attentat, est de nouveau sous la menace d'Al-Qaîda. Ce pays, de même que toute la région d'Asie du Sud-Est, vit sous une menace continuelle d'attentats majeurs visant les intérêts américains dans la région. Washington, dans sa mise en garde, précise que «la Jamaâ islamiya, de même que d'autres groupes extrémistes présents dans la région, ont fait la preuve de leurs capacités à traverser les frontières pour lancer des attentats dans des endroits où se concentrent les Occidentaux». Le département d'Etat, que préside Colin Powell, a fait savoir, de son côté, que «toute l'Asie du Sud-Est vit sous la menace d'un attentat semblable à celui qui avait tué 202 personnes à Bali en Indonésie, en majorité des Occidentaux, en octobre 2002». Dans le même temps, de très sérieuses mises en garde, jugées crédibles, ont été lancées par Washington à propos d'imminents et importants attentats terroristes en Afrique orientale, particulièrement au Kenya. Dans ce second cas de figure, le domaine de l'aviation civile n'en serait pas exempt et les risques de réitérer des attentats pareils à ceux du 11 septembre à New York et Washington ne sont pas exclus. De sanglants attentats, attribués à Al-Qaîda, avaient déjà visé des sites américains à Nairobi et Dar es-Salaam, causant des dizaines de morts et des centaines de blessés. Les ambassades, sociétés et résidences américaines seraient les premières cibles des groupes terroristes implantés dans ces régions. Londres, directement touchée par ces menaces, a adopté des mesures exceptionnelles en suspendant l'ensemble de ses vols civils en direction du Kenya. La Grande-Bretagne explique cette mesure, entre au- tres, par la guerre contre l'Irak, admettant donc implicitement l'injustice de ce conflit et la justesse des arguments développés par les dirigeants d'Al-Qaîda en train de mener une campagne de recrutement tous azimuts partout dans le monde. Les menaces semblent d'autant plus inquiétantes que la tension diplomatique vient de grimper un peu plus entre Washington d'un côté et l'Iran et la Syrie de l'autre. Si la Syrie est accusée de soutenir des mouvements terroristes, l'Iran, lui, ne serait rien moins que soupçonné de détenir des armements de destruction massive. Le monde entier continue de retenir son souffle et de se demander quelle va être la prochaine cible sur la liste de l'Oncle Sam. Dans le même temps, et comme nous avions été un des rares médias à nous faire l'écho de la mise en garde le jour-même de l'attentat, Washington a tenu à rappeler avoir prévenu Riyad des attaques terroristes plusieurs jours avant qu'elles aient lieu. Un haut responsable directement dépêché par la Maison-Blanche était en Arabie Saoudite dans le seul but de la mettre en garde contre l'imminence d'un attentat projeté par Al-Qaîda, l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden. Un attentat de plus grande envergure ne serait pas exclu dans les prochains jours, mais cette fois-ci à Djedda. En Tchétchénie, apprend-on en outre, pas moins de trente femmes kamikazes seraient prêtes à passer à l'action à tout moment. Ces femmes, affiliées à Al-Qaîda, feraient partie d'un réseau féminin mondial dirigé par Oum Oussama, une femme qui s'est exprimée en exclusivité dans les colonnes de la presse londonienne arabophone il y a de cela quelques semaines. Ces femmes se trouvent, notamment, derrière l'attentat de mercredi passé qui avait fait 59 morts et des dizaines de blessés. Le risque est grand, donc, de vivre une période d'attentats terroristes spectaculaires et sanglants un peu partout dans le monde. Al-Qaïda, donnée pour finie depuis quelques semaines à peine, serait encore capable de frapper fort dans presque tous les endroits du monde. C'est ce qu'admettent l'ensemble des experts et responsables des services de sécurité du monde entier. L'Allemagne, en dépit de son honorable position pacifiste concernant la guerre contre l'Irak, craint aussi bien de vivre des attentats que de servir de base arrière pour des activistes projetant des actions ailleurs, en Angleterre notamment. C'est ainsi, indiquent des sources proches des services secrets allemands, que 200 islamistes, dont des Algériens, soupçonnés d'être proches d'Al-Qaîda, sont placés sous très haute surveillance... D'autres Etats européens agiraient de la même manière, quoique de manière plus discrète. L'Algérie n'est pas en reste dans ces graves menaces qui pèsent sur la planète entière. L'affaire des touristes étrangers enlevés dans le Sud algérien, encore loin de connaître son épilogue, concerne de près Al-Qaîda puisque le Gspc lui est affilié. Cette organisation terroriste, revenue sur le devant de la scène médiatique à la faveur de cette affaire, peut être en train, elle aussi, de préparer des attentats majeurs aussi bien contre des intérêts occidentaux, notamment dans le Sud algérien, que contre certaines infrastructures et administrations algériennes.