La capitale ougandaise était sous le choc hier, après le double et sanglant attentat commis dans la soirée dans deux restaurants de Kampala. Aucune revendication n'a été enregistrée hier. Les islamistes somaliens shebab étaient accusés de toutes parts hier d'avoir perpétré un double attentat ayant fait 74 morts, la veille à Kampala, dans deux restaurants qui retransmettaient la finale du Mondial. Les deux explosions dans la capitale ougandaise n'avaient pas été revendiquées hier, même si un site Internet proche des shebab se félicitait d'un «acte de représailles contre les massacres commis à Mogadiscio par l'Amisom», la force de paix de l'Union Africaine en Somalie. Le double attentat - provoqué soit par des kamikazes soit par des bombes cachées sous des sièges - constitue l'acte terroriste le plus meurtrier en Afrique de l'Est depuis le double attentat contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salaam, le 7 août 1998 (224 morts). Les bombes ont explosé dans un restaurant éthiopien du sud de Kampala et dans le bar d'un club de rugby de l'est de la ville, provoquant un carnage parmi la foule réunie à l'occasion du match de football Espagne-Pays-Bas. «Il y a des indices qui suggèrent la présence de kamikazes, mais en même temps il est possible qu'il y ait eu des bombes déposées sous des chaises», a déclaré un porte-parole du gouvernement, Fred Opolot. Pointant implicitement du doigt les shebab, le vice-ministre ougandais des Affaires étrangères Okello Oryem a affirmé que les forces ougandaises «n'allaient pas (s')enfuir de Mogadiscio simplement à cause de cet acte lâche». L'Ouganda fournit, à égalité avec le Burundi, les 6000 soldats composant une force de paix chargée de protéger le fragile gouvernement provisoire du président Sharif Cheikh Ahmed, élu début 2009, des assauts islamistes. Plus explicitement, le gouvernement éthiopien a estimé que le double attentat «portait la marque des suspects habituels, les extrémistes du genre des shebab soutenus par l'Erythrée». Aucun responsable des shebab - un mouvement qui contrôle la plus grande partie de la Somalie et qui a fait voeu d'allégeance à Al Qaîda - n'avait commenté les attentats hier. Le président américain, Barack Obama, a promis que les Etats-Unis étaient «prêts à fournir toute aide demandée» par le gouvernement ougandais, alors qu'au moins un ressortissant américain a été tué. La France et la Grande-Bretagne ont également assuré l'Ouganda de leur solidarité. Dans le principal hôpital de Kampala, délabré et sous-équipé, des jeunes fans de football parcouraient lundi les couloirs pour retrouver un proche disparu. «Nous ne savons pas (où il est). Je le cherche. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé», s'inquiète Collins Zziwa, 25 ans, à la recherche d'un ami. Le chef de la police ougandaise, Kale Kayihura, a immédiatement lié l'attentat aux menaces récentes des shebab de s'en prendre aux populations de l'Ouganda et du Burundi en représailles de l'engagement militaire de ces deux pays en Somalie. «Vous connaissez la région où nous sommes et notre engagement en Somalie», a déclaré M.Kayihura. «Evidemment, il s'agit de terrorisme». La semaine dernière, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe six pays d'Afrique de l'Est, avait décidé de déployer rapidement 2000 hommes supplémentaires au sein de l'Amisom. Cette offre doit être examinée par le prochain sommet de l'UA convoqué à Kampala du 25 au 27 juillet. Le porte-parole ougandais Fred Opolot a assuré que ce sommet était maintenu, mais avec une sécurité renforcée. Le Kenya a annoncé pour sa part un renforcement de ses 680 km de frontière avec la Somalie.